CEDEAO: l’adhésion du Maroc fera l’objet d’un sommet extraordinaire en 2018

Siège de la CEDEAO à Abuja au Nigeria.

Siège de la CEDEAO à Abuja au Nigeria. . DR

L’adhésion du Maroc à la CEDEAO ne sera pas traitée lors du sommet d’Abuja qui aura lieu ce samedi. Les raisons tiennent à la fois à un ordre du jour encombré et à une étude d’impact livrée très tardivement. Les chefs d’État ont convenu de la tenue d’un sommet extraordinaire, dédié à cette adhésion.

Le 15/12/2017 à 18h16

Ce qui devait être une formalité bute sur des problèmes de retard dans la livraison d’une «étude d’impact de l’adhésion du Maroc à la CEDEAO». Ainsi peut-on résumer les raisons qui ont conduit à la non-intégration à l'ordre du jour du 52e sommet de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), qui se tient samedi 16 décembre à Abuja, de l’adhésion du Maroc à cet important regroupement des pays d’Afrique de l’ouest.

On se souvient que le 4 juin 2017, les chefs d’Etat des pays composant la CEDEAO ont donné leur accord de principe à l’adhésion du Maroc. Cela signifiait que sur le plan politique, le royaume a obtenu le feu vert de ses partenaires. Il ne restait alors que les simples étapes juridiques et techniques.

Le Maroc a rapidement ratifié les principaux textes de l’organisation régionale afin d’y être en conformité. S’en est ensuivie une visite à Rabat du président de la commission de la CEDEAO, Marcel de Souza, en vue de mettre en place les modalités techniques de l’adhésion du Maroc.

La commission, présidée par Marcel de Souza, a diligenté une étude en vue de mesurer l’impact de l’adhésion du Maroc à la CEDEAO. Ses résultats devaient être présentés en amont aux pays membres de la CEDEAO pour leur permettre de prendre connaissance des conséquences liées à l’adhésion du Maroc. «Cette étude de 80 pages n’a été livrée que le 7 décembre», déplore une source proche du dossier. Le retard mis dans la rédaction du rapport laissait peu de temps aux Etats membres de la CEDEAO pour prendre connaissance du contenu et faire part de leurs remarques et commentaires.

Ce n'est pas le contenu des 80 pages du rapport qui est en cause, mais les délais de sa livraison qui laissent peu de temps pour faire les choses dans les règles de l’art. En effet, le rapport de la commission est jugé «globalement positif» quant à l’adhésion du Maroc à la CEDEAO.

Ce rapport lève d’emblée tout frein juridique. Il souligne aussi que le royaume a une longue tradition d’échanges commerciaux, culturels et religieux avec les Etats de l’Afrique de l’ouest. Ce qui plaide en faveur de son intégration à la CEDEAO. Ses auteurs précisent aussi que le Maroc est le deuxième partenaire économique africain des 15 pays de la CEDEAO après l’Afrique du Sud. L’étude des experts ajoute, au demeurant, que l’adhésion du Maroc peut aider à attirer des investissements aux pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Le royaume est aussi jugé comme un pays qui contribuerait activement à la paix et à la sécurité à l’intérieur des pays composant la CEDEAO.

L’étude pointe aussi du doigt des difficultés et particularités, dont notamment les tarifs douaniers qui nécessitent une harmonisation entre le royaume du Maroc et les Etats membres de la CEDEAO.

Donc, le contenu de l’étude n’est pas en cause. Bien en contraire, il plaide en faveur de l’adhésion du Maroc à la CEDEAO même s’il reconnaît l’existence de difficultés liées particulièrement à un régime commun de tarifs douaniers. En revanche, le retard dans la livraison de cette étude ne concourt pas à citer comme un exemple de rigueur et de ponctualité la commission de la CEDEAO.

De plus, l’ordre du jour du 52e sommet de la CEDEAO est très chargé, avec des dossiers lourds qui nécessitent un traitement urgent. Il suffit de citer la situation politique dans des pays comme la Guinée-Bissau et le Togo ou bien l’arrêt du processus électoral au Libéria pour se rendre compte de l’aspect crucial que revêtent certains sujets à l’ordre du jour. La discussion autour de l’adhésion du Maroc aurait été noyée dans un ordre du jour aussi brûlant. «C’est pour cette raison, et en concertation avec le Maroc, que les Etats membres de la CEDEAO ont décidé qu’une session extraordinaire aura lieu au début de l’année 2018 pour traiter uniquement de l’adhésion du Maroc», explique notre source.

Ce report permettra aux pays membres de la CEDEAO de prendre posément connaissance du contenu de l’étude d’impact, réalisée par la Commission. Le Maroc ne cherche pas à faire du forcing ou à agir dans le court terme. Le royaume est dans une logique de communauté de destin avec les pays de l’Afrique de l’ouest. Et cette communauté de destin repose autant sur des bases solides que sur une vision déterminante pour le développement du continent.

Par Aziz Bada
Le 15/12/2017 à 18h16