Une affaire foncière secoue actuellement la commune de Casablanca et met à rude épreuve les relations entre élus, services administratifs et opérateurs immobiliers. Les révélations concernant la modification du titre foncier d’une vaste parcelle destinée à un espace vert public ont déclenché une tempête politique et institutionnelle, dont les répercussions continuent de s’amplifier, indique le quotidien Assabah dans son édition du weekend du 29-30 novembre.
Au cœur de cette crise figure Youssef Lahssinia, président de l’arrondissement d’Aïn Sebaâ, qui se dit prêt à remettre sa démission et à saisir la justice. Son geste reflète l’ampleur du malaise provoqué par la découverte d’un transfert inattendu de propriété au profit d’une société immobilière, alors que le terrain avait été officiellement intégré, quelques mois plus tôt, au patrimoine communal.
La tension a atteint son paroxysme lors d’une réunion de la commission de l’urbanisme. Alors que les membres tentaient de comprendre les raisons du changement intervenu dans le titre foncier, un message diffusé sur WhatsApp a jeté le trouble, écrit Assabah. L’accusation visant le deuxième vice-maire a immédiatement provoqué son départ de la séance et ouvert la porte à une série de spéculations sur l’origine et les motivations de ce message anonyme. Ce simple texte, rédigé à la hâte, a suffi à faire éclater une crise politique interne, entraînant même des démissions administratives en cascade.
Mais au-delà de l’incident politique, c’est la gestion foncière de la ville qui est mise en cause. La duplication des attestations de propriété, avec deux versions contradictoires en l’espace de quelques mois, interroge sur le fonctionnement des services de conservation foncière, sur les influences possibles et sur la transparence des procédures.
Le terrain litigieux, classé espace vert dans les documents officiels depuis plus de deux décennies, est devenu l’objet d’une bataille juridique et administrative. La société immobilière qui revendique aujourd’hui le bien s’appuie sur un jugement définitif, tandis que la commune brandit une attestation antérieure qui faisait d’elle la propriétaire du site. Entre les deux, le plan d’aménagement de Casablanca, lui-même déjà contesté à plusieurs reprises, offre un décor complexe où se mêlent procédures urbanistiques, intérêts privés et décisions politiques.
L’affaire pourrait désormais prendre un tournant judiciaire majeur, surtout après l’annonce du président d’Aïn Sebaâ de saisir le procureur général, lit-on dans Assabah. Les jours à venir s’annoncent décisifs pour déterminer si cette affaire n’est qu’une erreur administrative spectaculaire ou le symptôme d’un système vulnérable aux interventions externes. Une chose est certaine: l’avenir de ce terrain de 13.000 m², censé accueillir un espace vert pour les habitants, cristallise aujourd’hui toutes les tensions d’une ville où le foncier demeure l’un des enjeux les plus sensibles.








