Boycott: le gouvernement dans l’embarras

Mustapha El Khalfi, ex-porte-parole du gouvernement. 

Mustapha El Khalfi, ex-porte-parole du gouvernement.  . DR

Revue de presseKiosque360. Le gouvernement a attendu deux semaines avant de réagir à la campagne du boycott. Les réactions vont des propos mesurés aux déclarations menaçantes.

Le 11/05/2018 à 21h05

Le gouvernement a enfin réagi, dans le cafouillage, à la campagne de boycott qui en est déjà à sa troisième semaine. Les déclarations de Mustapha El Khalfi, porte-parole du gouvernement, jeudi, n’ont fait qu’attiser la colère des boycotteurs et susciter une nouvelle vague de protestations sur les réseaux sociaux, rapporte le quotidien Al Akhbar dans son édition du week-end des 12 et 13 mai. Ce sont surtout les menaces d’éventuelles poursuites judicaires contre les boycotteurs qui ont mis ces derniers en rogne, note le journal.

Cependant, comme le note Al Akhbar, citant El Khalfi, une commission présidée par le ministre de l'Intérieur a été mise en place, avec pour mission de contrôler les prix et la sécurité sanitaire des produits, et de lutter contre la concurrence déloyale, la spéculation ou encore les hausses illégales de prix. Cette commission, qui vient de se réunir, a lancé la ligne téléphonique 5757, en plus d’une mobilisation au niveau de l’administration territoriale, afin «d’œuvrer à la protection des droits des consommateurs et lutter contre toute pratique leur portant atteinte», précise le journal citant le ministre El Khalfi.

D’après Al Akhbar, le ministre chargé des Affaires générales a expliqué jeudi en conseil de gouvernement la composition des prix de certains produits, en particulier du lait. Tandis que le ministre de l’Intérieur et la secrétaire d’Etat chargée du développement rural ont exposé des données détaillées sur le volet des agriculteurs. La question a fait l’objet d’un débat «responsable, sérieux et approfondi», note le journal.

Le ministre, ajoute Al Akhbar, n’a pas manqué de souligner que dans la majorité des cas, des données inexactes sont véhiculées sur les réseaux sociaux, de nature à porter préjudice à l’économie nationale et aux intérêts des agriculteurs et de leurs familles. Pour revenir au lait, considéré comme un produit de consommation essentiel lors du mois de Ramadan, il s’est avéré que la marge de bénéfice de la société en question est raisonnable et ne dépasse pas 20 centimes par litre, sachant qu’aucune augmentation n'a été appliquée sur le prix de ce produit depuis 2013.

Cela dit, cette campagne de boycott a réellement indisposé le gouvernement, écrit pour sa part le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son numéro du week-end. Le gouvernement, rapporte le journal, a longuement planché sur la question lors de sa dernière réunion hebdomadaire, examiné ses effets, sa dimension et les moyens de freiner son éventuelle expansion. Les réactions au sein du gouvernement ont été de nature différente, écrit le journal, précisant que face à la retenue dont a fait preuve le chef du gouvernement, les réactions de certains membres de son équipe ont été agressives. Le dernier ministre à avoir manifesté des signes de tension et de nervosité n’est autre que le porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi. 

Globalement, note Al Ahdath Al Maghribia, alors que le chef du gouvernement continue à tenir un langage «d’écoute et de réalisations», ses ministres ont versé dans les mises en garde et les menaces. El Khalfi a, en ce sens, explique le journal, menacé les diffuseurs de fausses informations de poursuites pénales. Il a affirmé que le fait de véhiculer des allégations mensongères est une pratique illégale qui ne relève en aucun cas de la liberté d'expression. Une déclaration, conclut le journal, qui a été accueillie avec une déferlante de «posts» de boycotteurs sur Facebook qui l’ont tournée en dérision.

Par Amyne Asmlal
Le 11/05/2018 à 21h05