"Nous vivons une problématique collective. Le petit agriculteur est inquiet, soit une population de 400.000 paysans qui vivent du lait", a indiqué hier mardi au soir le ministre qui évoquait devant la commission parlementaire des secteurs productifs la question de l'appel au boycott des produits laitiers d'une société.
"Le Maroc assure actuellement près de 95% de son autosuffisance en lait alors qu'en 1980, il importait la quasi-totalité de ses besoins", a-t-il relevé.
Le Marocain consomme actuellement 74 litres de lait par an alors qu'en 2008, sa consommation annuelle n'atteignait que 58 litres. Avec cette crise de lait, suscitée il y six semaines, près 2,5 tonnes de lait sont détruites quotidiennement en raison des difficultés financières que subit la société laitière visée par le boycott.
Cette société a réduit de 30% sa collecte de lait auprès de 120.000 éleveurs. "Le petit agriculteur, a ajouté Aziz Akhannouch, veut améliorer son train de vie, mais son sort est maintenant menacé". Le ministre qui a longuement plaidé pour la filière laitière, chiffres de développement à l'appui, a mis en garde contre l'avenir de ce secteur. "Nous devons savoir ce que nous voulons? Est-ce la pérennité de cette activité ou son déclin et le début des importations du lait de l'étranger. Le lait est un secteur stratégique", a-t-il lancé.
Pour sa part, Lahcen Daoudi, ministre des Affaires générales, a estimé que "le boycott véhicule une mauvaise image sur les investissements étrangers au Maroc". Il a proposé la solution de produire du lait en poudre comme alternative à la crise actuelle, mais Akhannouch a rejeté cette solution car la commercialisation du lait en poudre nécessite une "réglementation spécifique".
A noter que le groupe parlementaire du PAM a été le plus virulent dans ses réactions, faisant endosser la responsabilité de la crise au gouvernement. Le PJD, par la voix du chef de son groupe, Driss Azami, s'est rangé du "côté du peuple" critiquant le retard pris par le Parlement pour s'attaquer au problème. Azami s'en est pris violemment aux chaînes de télévision publiques en visant une TV émettant de Casablanca. Les autres groupes ont privilégié le débat, la concertation et le dialogue pour mettre fin à cette problématique. La réunion de la commission s'est achevée très tard dans la nuit, vers le shour.