Benkirane met le feu à la maison du PJD et menace de faire chuter El Othmani

Abdelilah Benkirane et Saâd-Eddine El Othmani. 

Abdelilah Benkirane et Saâd-Eddine El Othmani.  . DR

Revue de presseKiosque360. Après le vote en commission parlementaire de la loi-cadre sur la réforme de l’éducation, l’ancien chef du gouvernement et du PJD est dans tous ses états. Il menace son successeur de le faire tomber, au cas où ladite loi introduisant le français dans l’enseignement est adoptée ce lundi.

Le 21/07/2019 à 23h06

Après plusieurs mois de blocage, en raison des tergiversations des élus du PJD et de l’Istiqlal, la loi-cadre relative à la réforme de l’Education nationale a été avalisée la semaine dernière à la majorité des votants au sein de la Commission parlementaire de l’éducation, de la culture et de la communication. Et ce suite à un revirement de certains parlementaires de la lampe, qui ont été «travaillés» en coulisses afin de mettre fin au blocage de la loi 51-17.

Dans un article intitulé «Le français secoue la maison du PJD», le quotidien Al Ahdath Al Maghribia de ce lundi 22 juillet rapporte que l’ancien chef du gouvernement et ancien secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane, a été vivement secoué par le vote de ses «frères», à tel point qu’il est revenu à ses «live» pour s’en prendre vivement à Saâd-Eddine El Othmani. 

Dans sa nouvelle sortie sur les réseaux sociaux, qu’Al Ahdath qualifie de «cirque», Benkirane avoue avoir passé une nuit blanche le jour du vote, lui qui a réussi, plusieurs mois durant, à empêcher le vote de la loi-cadre sur l’enseignement, affirmant que la «francisation de l’enseignement va contre les intérêts du Maroc, et constitue un cadeau à l’ancien colonisateur qui a toujours voulu que l’éducation au Maroc se fasse par le biais du français».

Dans cette même vidéo, il réaffirme que le «PJD vient de renier ses principes de base» en laissant ses élus «céder à la pression», alors que la direction du parti avait une position claire sur le projet de loi-cadre en l’acceptant, sauf dans ses articles 2 et 31 relatifs au français.

Mais ne s’avouant pas vaincu, Abdelilah Benkirane, selon des informations rapportées par le quotidien Al Akhbar, a appelé tous les élus parlementaires du PJD à ne pas «trahir les principes de leur parti» et à réparer l’«erreur monumentale de leur secrétariat général» et ce, prône-t-il, en empêchant le «vote définitif de la loi 51-17 qui aura lieu ce lundi en séance plénière».

Se faisant plus menaçant, il a même fait allusion à une possibilité de faire chuter El Othmani de son piédestal gouvernemental, affirmant ainsi: «Monsieur El Othmani doit savoir qu’avec l’appoint d’Akhannouch et de Lachgar, il ne dispose pas de la majorité.»

Al Akhbar croit aussi savoir que la démission de Driss El Azami de la présidence du groupe parlementaire du PJD, intervenue quelques heures seulement après la sortie de Benkirane, s’inscrit dans le cadre du rejet qui risque d’accompagner ce lundi le vote de la loi-cadre, surtout que certains Istiqlaliens comptent manifester leur désapprobation face à la nouvelle loi.

Al Massae, pour sa part, ajoute que Benkirane, tout en laissant entendre qu’il pourrait quitter le PJD où il ne se retrouve plus, a clairement demandé aux islamistes de se retirer du gouvernement car ils ont violé la «légitimité du peuple qui leur a permis de se propulser au pouvoir». 

De son côté, et selon le quotidien Akhbar Al Yaoum, El Othmani n’a pas manqué, ce dimanche, de répondre à Benkirane. Selon le chef du gouvernement, qui sera ce lundi en visite dans les provinces sud du Royaume, «le PJD est un parti uni par la force des institutions, et non des individus». El Othmani a cependant mis en garde, selon le quotidien Assabah, contre une tentative de déstabilisation de son gouvernement menée par… Abdelilah Benkirane.

Par Mohamed Deychillaoui
Le 21/07/2019 à 23h06