Après l’expulsion de son diplomate par Nouakchott, Alger réplique

Le président mauritanien, Mohamed Ould Abdelaziz, reçu par son homologue Abdelaziz Bouteflika, lors d'une visite officielle à Alger en 2011. 

Le président mauritanien, Mohamed Ould Abdelaziz, reçu par son homologue Abdelaziz Bouteflika, lors d'une visite officielle à Alger en 2011.  . dr

Revue de presseKiosque360. Réagissant à l’expulsion de Belkacem Cherouati, accusé d’avoir incité un journaliste mauritanien à écrire contre le Maroc, Alger fait appel au principe de «réciprocité» et chasse un diplomate mauritanien. Une crise diplomatique sans précédent en vue.

Le 27/04/2015 à 07h46

La décision était dans l’air et maintenant elle se confirme. Selon l’agence de presse mauritanienne Al-Akhbar, relayée par le journal Algérie patriotique, Alger a procédé à l’expulsion, dimanche 26 avril, d’un diplomate mauritanien travaillant à l’ambassade de Nouakchott à Alger, en le déclarant "persona non grata". Il s’agit d’un commandant de l’armée, chargé de la sécurité, ayant le statut de premier conseiller de l’ambassadeur de son pays à Alger. L’expulsion du diplomate mauritanien intervient un mois après sa désignation à ce poste, ajoute la même source, sans donner de précisions sur le motif de cette décision.

Une chose est pourtant sûre : Alger a fait appel au principe de «réciprocité» et répliqué à l’expulsion par Nouakchott du «diplomate» Cherouati, accusé d’avoir incité un journaliste mauritanien, Ibrahim Ould Moulay Ahmed, directeur de publication du journal «Al Bayan el-Souhoufi», à écrire contre le Maroc.

Comme le rapportait Le360, dans son édition du 25 avril, Nouakchott avait chassé le diplomate en question après que ce dernier a soufflé au journaliste mauritanien un faux "scoop" prêtant aux autorités mauritaniennes l’intention de «déposer plainte auprès de l’ONU contre le Maroc, accusé de vouloir envahir la Mauritanie avec de la drogue» !

Une intention qui s'est révélée être le fruit de l’imagination du diplomate algérien, qui a foulé aux pieds les règles diplomatiques d’usage en se permettant de s’ingérer dans les affaires intérieures d’un pays souverain, en l’occurrence la Mauritanie, et en se donnant le «droit» de nuire à l'axe Nouakchott-Rabat, qui se rétablit après quatre ans de relations froides.

Le rôle interlope d’Alger mis à nu

Voyant d’un œil inquiet le rétablissement de l’axe Nouakchott-Rabat, Alger a joué de malheur et tenté, par l’intermédiaire de son diplomate accrédité à Nouakchott, de brouiller les deux voisins frères à travers une histoire inventée de toutes pièces. Une plainte fictive attribuée mensongèrement à Nouakchott contre le Maroc sur une pseudo-affaire de drogue !

Seulement voilà, la lucidité des autorités mauritaniennes a permis de faire échec à cette manœuvre d’intox et à remettre «l’agent» algérien à sa véritable place.

A ce sujet, le quotidien algérien Achourouk, proche du fameux Département du renseignement et de la sécurité (DRS), tentait, hier dimanche 26 avril, de surenchérir contre la Mauritanie, en spéculant sur une «riposte» algérienne encore plus forte à l’"humiliation" qui aurait été infligée à Alger. Citant une source diplomatique autorisée, le journal a évoqué une «riposte plus drastique que le simple recours au principe de réciprocité ou la convocation de l’ambassadeur de Nouakchott à Alger» !

Tout bien considéré, la relation entre Alger et Nouakchott risque de déraper vers l’inconnu. Alger, qui est habituée à pêcher dans les eaux troubles, risque de s’aliéner un autre voisin que le Maroc. Les manœuvres auxquelles se livre le régime de Bouteflika inquiètent au plus haut point son voisinage ambiant, sans compter les chancelleries occidentales qui commencent à en avoir assez du rôle interlope et dangereux que ce régime suicidaire joue à l’échelle de la région. 

Par Ziad Alami
Le 27/04/2015 à 07h46