Dans une chronique géopolitique sous le titre «Sahara, un pourrissement du conflit qui nourrit le fondamentalisme islamique», publié par le site d’information français «Opinion Internationale», Aymeric Chauprade, également membre de la commission des Affaires étrangères, de la délégation Maghreb-UE, de la Commission interparlementaire pays ACP-UE au Parlement Européen, souligne que le Maroc a donné l’exemple, dès 2007, en étant le premier à mettre en place les conditions d’une véritable autonomie sahraouie dans le cadre de la souveraineté marocaine.
«Cette formule, juste, équilibrée et pragmatique, car garante de la stabilité de la sous-région, est la formule d’avenir et c’est pour cela que le fondamentalisme la combat avec une cruauté sans limites», soutient-il, invitant «tous ceux qui regardent le problème du Sahara avec les vieilles lunettes idéologiques du passé, celles de la guerre froide, à reconsidérer leur regard et à inscrire celui-ci dans la réalité géopolitique du moment».
Il a, dans ce contexte, affirmé que les grandes puissances attachées à la défense de l’intégrité territoriale et de la souveraineté (…) doivent peser, elles aussi, de tout leur poids afin qu’une solution juste et réaliste soit enfin apportée à ce conflit. «Ces grandes puissances comprennent déjà sans doute que la validation d’un nouveau séparatisme aurait des conséquences internationales néfastes», souligne l’auteur de cette chronique.
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Et d'affirmer que «les populations sahraouies du Sud du Maroc ont le droit à un avenir stable et au développement. Elles ont compris, dans leur très large majorité, que le Maroc pouvait offrir cet avenir», soulignant qu’ «il est du devoir des Nations unies d’entendre ces populations qui veulent construire leur avenir dans un Etat moderne, respecté, écouté, et stabilisateur pour l’Afrique».
Dans cette chronique, l’auteur tire également la sonnette d’alarme sur les risques géopolitiques immenses que font peser sur la région sahélo-saharienne «la combinaison infernale des séparatismes et du fondamentalisme religieux».
Cette région immense gorgée de ressources comme l’uranium, le fer, le pétrole, attise les convoitises des grands acteurs du monde multipolaire et est devenue une plaque tournante des flux migratoires clandestins vers l’Europe et l’un des axes principaux du trafic de stupéfiants avec désormais 15% de la production mondiale de cocaïne qui transite par le Sahara, affirme Aymeric Chauprade, ajoutant que depuis des décennies, «des Etats de la région, dans le but d’accroître leur influence et d’affaiblir leurs voisins jouant un rôle stabilisateur, comme le Maroc et le Mali, ont favorisé, avec la complicité, tantôt naïve tantôt cynique, de certains pays occidentaux, les séparatismes sahraouis et touarègue avec, comme conséquence prévisible, l’accroissement du désordre dans toute la zone». Et de souligner, à ce propos, qu’en soutenant le séparatisme du Polisario, mouvement lui-même contaminé par l’extrémisme, «les services algériens jouent contre la possibilité d’une paix durable et bénéfique dans le Maghreb, condition préalable à tout mouvement d’intégration économique et politique de l’UMA».
Selon Aymeric Chauprade, «contrairement à ce qu’en disent certains, la question du Polisario ne peut ni ne doit être distinguée des questions touarègue et fondamentaliste». «Par quel miracle le Polisario aurait-il échappé à la dérive mafieuse et fondamentaliste que connaissent toutes les populations nomades du Sahara depuis deux décennies au moins?», se demande l’auteur de la chronique.
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«Chacun le sait bien ici, et les élites algériennes doivent avoir l’honnêteté de le reconnaître, pas seulement par devoir de vérité mais parce que le temps approche où le séparatisme polisarien va se retourner contre eux de manière cauchemardesque: l’idéologie du Polisario ne repose sur aucun fondement historique et géopolitique susceptible de conférer une légitimité à un projet d’Etat sahraoui indépendant. Il s’agit d’une construction idéologique artificielle née des circonstances de la guerre froide. A partir du moment où aucune substance nationale n’existe et qu’en plus des générations de sahraouis n’ont connu que la culture autoritaire, pour ne pas dire totalitaire régnant dans les camps de Tindouf, oserions-nous parier qu’une reconnaissance d’une indépendance sahraouie ne tournerait pas rapidement au cauchemar fondamentaliste?», s’interroge le député européen.
Et de conclure que la région a besoin à la fois de justice et de pragmatisme. «Deux mots qui sont bien la clé d’un retour à la stabilité». Justice, par la reconnaissance des spécificités des uns et des autres, c’est à dire le cadre autonome que propose le Maroc depuis 2007 (l’autonomie dans la souveraineté). Pragmatisme, par la consolidation des Etats tels qu’ils existent aujourd’hui», car l’avenir, c’est donc «l’autonomie dans la souveraineté», mais certainement pas l’émiettement et l’affaiblissement des Etats.
Cette chronique est la deuxième d’une série d’analyses publiée par «Opinion Internationale» dans le cadre de sa rubrique «Maroc pluriel », en amont de la tenue, le 29 janvier à Paris, de sa première «Bridges Conference» sur le thème: «Pour une résolution définitive de la question du Sahara».
Géopoliticien et député européen, Aymeric Chauprade, a notamment publié «Chroniques du choc des civilisations», un atlas du monde multipolaire.