Alger détourne une conférence africaine pour relancer son narratif perdu sur le Sahara

Ahmed Attaf lors de son son intervention d’ouverture des travaux de la 12ème session du Séminaire sur la paix et la sécurité en Afrique-Processus d’Oran, qui se tient au Centre international de conférences (CIC) Abdelatif-Rahal, à Alger, le 31 novembre 2025.

Acculé par la résolution 2797 du Conseil de sécurité de l’ONU consacrant la prééminence du plan d’autonomie marocain et privé de tout levier au sein de l’Union africaine, le régime algérien a tenté un nouveau coup de force en instrumentalisant une conférence sur la criminalisation du colonialisme pour ressusciter artificiellement la question du Sahara. Une fuite en avant qui illustre l’isolement diplomatique d’un État voyou qui dévoie les causes sacrées de tout un continent au seul service de son agenda.

Le 01/12/2025 à 17h10

Le régime d’Alger poursuit inlassablement son agenda hostile au Maroc. Décontenancé par l’adoption, par le Conseil de sécurité, d’une résolution qualifiée d’historique consacrant le plan d’autonomie sous souveraineté marocaine comme la solution au conflit du Sahara, il tente désormais de se frayer un passage forcé sur la scène africaine pour maintenir artificiellement l’idée d’un dossier encore en suspens. Sa parade a consisté à instrumentaliser la Conférence internationale sur la criminalisation du colonialisme en Afrique, organisée à Alger, dans le seul but d’y insuffler sa propagande en faveur du Polisario. L’initiative émane pourtant de l’Union africaine, qui avait décidé de cet événement lors du sommet d’Addis-Abeba en février 2025.

La conférence, tenue à Alger les 30 novembre et 1er décembre en présence de représentants diplomatiques du continent, représente une étape majeure dans les revendications africaines en matière de réparations liées au passé colonial. Inscrite dans le thème officiel de l’UA pour l’année, «Justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine à travers les réparations», elle vise à passer de la mémoire au droit, en œuvrant d’abord à qualifier le colonialisme, l’esclavage, la ségrégation raciale et l’apartheid comme crimes contre l’humanité, avant d’exiger reconnaissance et réparation.

Mais Alger a choisi de détourner l’objet de la rencontre vers la «dernière colonie d’Afrique», mirage entretenu par un régime qui refuse d’admettre sa déroute diplomatique. Le discours prononcé dimanche par Ahmed Attaf, de très loin le plus incompétent des chefs de la diplomatie algérienne, en a apporté la démonstration. Long flot de mots sans fond, mâtiné d’agressivité, il a fini par livrer le véritable objectif de son speech, et sa mission: attaquer le Maroc et ressasser la litanie algérienne sur le Sahara occidental. «Oui, il est temps d’éliminer les séquelles du colonialisme dans toutes leurs dimensions. Mais il nous incombe également de compléter le processus de décolonisation lui-même», a-t-il déclaré, avant d’ajouter: «À nos frères et sœurs de la dernière colonie d’Afrique, le Sahara occidental, nous exprimons notre solidarité indéfectible alors qu’ils s’attachent à faire valoir leur droit légitime et inaliénable à l’autodétermination, conformément au droit international et à la doctrine des Nations unies en matière de décolonisation». Toute la manœuvre se résume à ceci: une volonté d’inscrire le narratif lié à des processus de décolonisation en cours dans «La Déclaration d’Alger», censée couronner l’événement.

Manifestement incapable de contenir son réflexe, Ahmed Attaf a ensuite mêlé la question palestinienne à son discours: «De même, nous réaffirmons notre soutien à nos frères et sœurs de Palestine à Gaza, en Cisjordanie et à Al-Qods Sharif». Une sortie paradoxale au lendemain même du vote algérien en faveur d’une résolution américaine sur Gaza, qui marque de fait l’abandon par Alger de la «cause» palestinienne qu’il clame pourtant défendre.

Attaf parle comme si l’Afrique lui avait délégué sa voix alors que l’Union africaine s’est totalement dessaisie du dossier du Sahara, confiant l’exclusivité de sa gestion à l’ONU et à son Conseil de sécurité. La preuve réside dans la décision adoptée lors de la 31ème session ordinaire de l’Assemblée générale de l’UA, les 1er et 2 juillet 2018 (déjà) à Nouakchott. On peut y lire explicitement que le rôle de l’organisation dans la recherche d’une solution se limite à «un soutien renouvelé aux efforts menés par le Secrétaire général des Nations unies et son Envoyé personnel». C’est également à cette occasion qu’a été créé un mécanisme africain reposant sur la Troïka de l’UA (présidents sortant, en exercice et entrant, ainsi que le président de la Commission) chargé d’«apporter un soutien efficace aux efforts conduits par les Nations unies», d’encourager la flexibilité «des parties» et de réfléchir, en consultation étroite avec l’ONU, au contenu du compromis attendu. La décision précise que «la question du Sahara occidental ne sera abordée que dans ce cadre et à ce niveau».

Ironie du sort, cette décision avait été prise alors que l’Algérie siégeait au Conseil Paix et Sécurité, organe exécutif de l’UA, pilier de prévention et de gestion des conflits et équivalent africain du Conseil de sécurité onusien. Alger n’imaginait sans doute pas que l’organe décisif de l’ONU allait un jour inscrire dans une résolution l’autonomie sous souveraineté marocaine comme seule base au conflit du Sahara. Ce jour funeste pour le régime d’Alger est arrivé un 31 octobre 2025. Et l’Union africaine, comme le précise la décision 693, adoptée à Nouakchott, est tenue de soutenir les décisions de l’ONU. Et qui dit soutenir les décisions de l’ONU, dit approuver l’autonomie sous souveraineté marocaine au différend du Sahara occidental. Cela s’appelle la légalité internationale et le régime d’Alger est tenu de s’y soumettre, à moins de prendre le chemin d’un hors-la-loi.

Selon une source sûre consultée par Le360, l’Algérie a tenté, après l’adoption de la résolution 2797, d’amender la décision 693 adoptée lors de la 31ème session ordinaire de l’Assemblée générale de l’UA à Nouakchott. Sa requête a essuyé un NIET unanime.

En vertu de la décision de 2018, l’Union africaine devra suivre l’orientation de l’ONU. Une position continentale allant dans ce sens n’est plus qu’une question de temps. Et c’est la raison pour laquelle Alger n’hésite pas à contourner toutes les voies légales pour reposer la question du Sahara.

Coincé par la résolution 2797 du Conseil de sécurité de l’ONU et par la décision 693 de l’UA, le régime d’Alger a fait le choix d’agir contre la légalité internationale, en manœuvrant pour réintroduire le dossier du Sahara à L’UA, mais sous une nouvelle forme.

Privée d’arguments juridiques comme de leviers d’influence, Alger s’agite aujourd’hui en marge de tout cadre légal pour ressusciter un dossier clos, en s’acharnant à lui trouver une interstice pour l’inscrire dans le cadre du thème officiel de l’UA pour l’année «Justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine à travers les réparations». Ce désarroi a culminé lors du 7ème sommet Union européenne–Union africaine en Angola, organisé les 24 et 25 novembre 2025 à Luanda et où Ahmed Attaf, littéralement prosterné devant le Secrétaire général de l’ONU pour obtenir un instant d’attention, s’est heurté à un refus méprisant de Guterres. Une scène largement moquée sur les réseaux sociaux, révélatrice de la fébrilité diplomatique d’Alger et de son échec patent.

Hier encore, l’Algérie se réclamait de l’ONU et de l’Union africaine. Aujourd’hui, voyant ces deux organisations conforter la prééminence du plan marocain, elle adopte l’attitude d’un État voyou, incapable de se faire entendre autrement que par un simulacre destiné à récolter quelques applaudissements embarrassés d’invités captifs, au sens propre.

Le régime cherche désormais à contourner les mécanismes institués en provoquant un happening censé ramener la question du Sahara dans l’UA par une porte dérobée, en tentant d’inscrire la «Déclaration d’Alger» au prochain sommet de l’organisation sur les crimes du colonialisme prévu en février. Dos au mur, pris entre la dernière résolution du Conseil de sécurité qui enterre définitivement ses ambitions et une Union africaine appelée à s’aligner sur celle-ci, Alger tente un véritable hold-up sur une initiative pourtant majeure, dans l’espoir insensé de la détourner à son profit.

Par Tarik Qattab
Le 01/12/2025 à 17h10