Affaire Hamieddine: un procès sous haute tension

Abdelali Hamieddine (membre dirigeant au sein du PJD).

Abdelali Hamieddine (membre dirigeant au sein du PJD). . DR

Revue de presseKiosque360. Le procès d’Abdelali Hamieddine, accusé d’avoir participé à l’assassinat de l’étudiant Ait El Jid Benaissa en 1993, s’ouvre ce mardi à la Cour d’appel de Fès. Le parti d’El Othmani soutient avec force son dirigeant, alors que l’AMDH récuse toute intervention gouvernementale.

Le 24/12/2018 à 20h27

Deux semaines après avoir été inculpé par le juge d’instruction pour «participation à un homicide volontaire», le Conseiller parlementaire du PJD, Abdelali Hamieddine, comparaîtra, ce mardi, devant la Cour d’appel de Fès. La justice va statuer, de nouveau, dans l’affaire de l’assassinat de l’étudiant gauchiste, Ait Jid Benaissa, qui remonte à 1993. Un procès qui se déroule sous une forte pression du PJD qui soutient avec force son militant avec la présence des membres du secrétariat général du parti et d’autres dirigeants. Selon des sources partisanes, «la direction du PJD a commencé à mobiliser ses militants pour suivre le procès de Hamieddine». Les mêmes sources démentent «l’existence de toute directive officielle du secrétaire général du parti» et confirment «que les ministres PJDdistes du gouvernement d’El Othmani ne seront pas présents a à ce procès». La Jeunesse du parti confirme, sur son site officiel, qu’elle suivra ce procès et indique que «cette audience sera marquée par la présence de dizaines d’avocats avec, à leur tête, le secrétaire national de la Jeunesse ainsi que le président des avocats du PJD, Abdessamad El Idrissi. D’autres avocats vont rejoindre l’équipe de la défense pour plaider la cause de leur «frère» devant la chambre criminelle de Fès».

Le quotidien Al Akhbar rapporte, dans son édition du mardi 25 décembre, que le chef du gouvernement et le SG du PJD, Saâd-Eddine El Othmani, a autorisé les dirigeants du parti à assister à ce procès. Le secrétariat du parti avait tenu une réunion, dimanche passé, pour discuter de l’inculpation de Hamieddine et se préparer pour la première audience. Une commission composée de Driss Yazami, Slimane Amrani et Nabil Chikhi, a été chargée d’effectuer une «tournée» auprès des partis politiques pour les mettre au fait de ce dossier.

Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia traite du même sujet, dans son édition du mardi 25 décembre, en zoomant sur le communiqué de l’Association marocaine des droits humains (AMDH). Cette dernière récuse toute intervention gouvernementale ou directive dans l’affaire de l’assassinat de Benaissa Ait Jid par des étudiants islamistes. Allusion est faite aux dirigeants du PJD avec, à leur tête, le ministre d’Etat, Mustapha Ramid, qui ont mis en doute l’indépendance de la justice en intervenant en faveur de l’accusé Abdelali Hamieddine. L’AMDH a appelé «au respect du principe de l’indépendance de la justice qui consiste non seulement à garantir les conditions d’un procès équitable, mais prend en compte, aussi, les plaintes des familles des victimes quant à de graves violations des droits de l’Homme dans notre pays».

Plusieurs observateurs considèrent le communiqué de l’AMDH comme «très équilibré» quand il évoque l'inculpation de Hamieddine pour «participation à l'homicide volontaire» de Benaissa Ait Jid, au début des années 90.

L’Association affirme suivre, avec la plus grande attention, les récents développements du dossier du «martyr» Benaissa, militant de l’UNEM et de l’AMDH de Fès, qui a été assassiné le 1er mars 1993. Le bureau central de l’AMDH se considère comme partie prenante dans ce dossier et en a fait l’une de ses préoccupations essentielles dans la lutte contre l’impunité dans les crimes et assassinats politiques. C’est pour cela que l’association accompagne et soutient toujours la famille de Benaissa et ses amis dans la recherche des personnes impliquées dans cet ignoble assassinat politique. L’AMDH appelle au respect du droit de la famille et des amis de Benaissa, et au respect de toutes les procédures juridiques permettant la découverte de la vérité. Autrement, elle considère qu’il faut user de tous les moyens pour arriver aux assassins, aux commanditaires et à ceux qui les protègent, tout en informant l’opinion publique de l’aboutissement de ces procédures.

Par Hassan Benadad
Le 24/12/2018 à 20h27