Le roi vient de nommer Abdellatif Hammouchi à la tête de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN). La nomination intervenue, ce vendredi 15 mai en Conseil des ministres, a surpris tout le monde. Mais le processus semble des plus logiques. «Il était temps de mettre à niveau la DGSN. Et le modèle à suivre n’est autre que celui de la Direction générale de la surveillance du territoire» (DGST), commente un connaisseur des arcanes sécuritaires. En effet, et c’est un secret de polichinelle, depuis la nomination de Abdellatif Hammouchi à la tête de la DGST, en 2005, ce service sécuritaire a opéré une véritable mue. L’image d’un service de renseignement opprimant et s’apparentant à une police secrète d’une autre ère est bien révolue. Aujourd’hui, le siège de la DGST à Témara est ouvert aux Commissions parlementaires ; son aile judiciaire (le BCIJ), fraîchement lancée, communique plus que jamais avec les médias.
Mieux, l’expertise et la qualité du renseignement recueilli par la DGST sont reconnues par nombre de services équivalents à travers le monde. Autant de services qui restent redevables à leurs homologues marocains pour les avoir épaulés dans de nombreuses opérations antiterroristes préventives, qui ont permis de sauver des vies. La décoration de Hammouchi par les autorités espagnoles l'automne dernier et la Légion d’honneur qu’il recevra en France, le 14 juillet, ne sont rien de moins que des marques de l’estime que portent les gouvernements étrangers au renseignement marocain.
La nomination de Abdellatif Hammouchi à la tête de la DGSN intervient à la veille de la commémoration du 12ème anniversaire des attentats du 16 mai. Une date fortement symbolique! Et quand on connaît le travail de fourmis fourni par M. Hammouchi, à l’époque numéro 3 de la DGST, après cette épreuve du feu terroriste, la confiance que lui accorde encore plus largement le souverain aujourd’hui paraît largement méritée. Cela permet en outre la mise en place d’un pôle sécuritaire moderne où le renseignement et l’opérationnel évoluent sous la même coupe, en toute synergie. De plus, ce n’est un secret pour personne que la DGST a toujours été derrière les opérations les plus remarquables menées par la DGSN et, parfois même, a dû gérer des loupés de la sûreté nationale.
Abdellatif Hammouchi, dont la compétence lui a valu d’être le plus jeune directeur de la DGST (à 39 ans seulement), devient donc le premier directeur de la DGSN issu des services de renseignement. Car jusque-là, les anciens «premiers flics du royaume» étaient plutôt des purs produits de la Sûreté nationale. Une telle évolution dans la gestion sécuritaire du pays démontre que le Maroc a bel et bien trouvé son propre modèle en la matière. Un modèle qui fonctionne bien…