A cause de son selfie avec Hamieddine, la famille Aït El Jid écrit à Macron

Le selfie incriminé réunissant le président français Emmanuel Macron et le dirigeant islamiste Abdelali Hamieddine.

Le selfie incriminé réunissant le président français Emmanuel Macron et le dirigeant islamiste Abdelali Hamieddine. . DR

La famille du militant de gauche tué en 1993 à l’université Dhar El Mehraz à Fès, par des islamistes, a écrit au président de la République française. En cause, un selfie réunissant Emmanuel Macron et Abdelali Hamieddine, leader du PJD, co-accusé du meurtre de cet étudiant.

Le 14/10/2019 à 16h11

Le président français Emmanuel Macron et le leader du PJD, Abdelali Hamieddine, co-accusé du meurtre de Mohamed Benaissa Ait El Jid, photographiés ensemble, et le cliché, de surcroît, ensuite publié? La famille du militant de gauche Mohamed Benaissa Aït El Jid ne décolère pas. Alors que cet étudiant avait été assassiné voici 26 ans, à l’université Dhar El Mehraz de Fès, par des islamistes, les membres de sa famille ne s’avouent pas vaincus, et le dossier a été rouvert, un procès suivant actuellement son cours, pour connaître le fin mot de cette histoire.

Aussi, dans un courrier adressé ce lundi 14 octobre au président de la République française, Emmanuel Macron, la famille Ait El Jid dénonce ce selfie montrant, tous sourires, Abdelali Hamieddine, certes dirigeant islamiste du Parti justice et développement menant la coalition gouvernementale, mais aussi, et surtout, l’un des principaux mis en cause dans cette sombre affaire.

Publié fièrement sur les pages de Hamieddine, sur les réseaux sociaux, le selfie a été pris à Strasbourg, en France. La famille Aït El Jid y voit une tentative d’influencer la Justice, le procès de Hamieddine étant toujours en cours. «Dans notre lettre, nous avons informé le président de la République que l’accusé s’est absenté de son audience du mardi 1er octobre 2019», a précisé la famille. «Tout comme nous l’avons [Macron, Ndlr] mis au courant du contexte dans lequel notre fils a été assassiné», ajoutent les membres de cette famille.

Poursuivi pour complicité d’homicide volontaire, Abdelali Hamieddine, membre de la direction du PJD et conseiller (à la chambre haute du Parlement), n’a en effet pas comparu, le mardi 1er octobre, devant la Cour d’appel de Fès qui instruit l’affaire du meurtre de l’étudiant de gauche.

Les avocats de Abdelali Hamieddine, a constaté Le360, ont produit devant la cour des documents attestant que le concerné avait été chargé d’une mission, par le président de la chambre des Représentants, Hakim Benchamach, auprès du Parlement européen.

La Cour d’appel de Fès a donc en conséquence décidé le report du procès de Abdelali Hamieddine, dirigeant du PJD, au 3 décembre prochain.

En plus de ses qualités partisane et de parlementaire, Hamieddine est également le président du puissant forum Al Karama, la plus importante ONG islamiste, au Maroc.

Par Youssef Bellarbi
Le 14/10/2019 à 16h11