VIDÉOS. Algérie, de Boumediene à Gaïd Salah, un règne militaire sans partage

DR

Pour le 20è vendredi des manifestations anti-système, qui coïncident avec le 57è anniversaire de l'Indépendance de l'Algérie, le peuple algérien démontre par force slogans proclamés ce vendredi qu'il en a assez de la Mafia vert-kaki. Décryptage.

Le 05/07/2019 à 14h12

«Marre des Généraux! ». «À bas Gaïd Salah! ». «État civil et non militaire»… Ces slogans directs et caustiques n’auront jamais pu être proclamés ouvertement avant ce glorieux vendredi 22 février 2019, qui marque le début des manifestations anti-système en Algérie.

C’est que le verrou de la peur des Généraux, qui ont confisqué les acquis et les sacrifices inestimables des moudjahidines tel Larbi Ben M’Hidi pour libérer leur pays du joug de l’occupant français, a bel et bien sauté.

Une leçon que le Généralissime Ahmed Gaïd Salah ne semble pourtant pas saisir, tellement il est grisé à l’idée de devenir président, d’ailleurs tout comme ses anciens «frères d’armes» qui n’ont jamais véritablement été élus: de Ben Bella à Liamine Zeroual, en passant par le colonel Houari Boumediene, Chadli Benjedid, ou encore Liamine Zeroual.

Abdelaziz Bouteflika, qui a vendu son âme au Colonel Boumediene, de son vrai nom Mohamed Boukharrouba, pour renverser Ahmed Ben Bella en 1976, n’aurait jamais pu être président s’il n’avait eu le feu vert de l’ancien «reb dzaïr», le Général «Tewfik» (ex-patron du tout-puissant Département du renseignement et de la sécurité, DRS), actuellement incarcéré à la prison militaire de Blida.

Pas plus d’ailleurs qu’Abdelkader Bensalah, n’aurait jamais pu l’être, même à titre intérimaire, sans l’aval du chef d’état-major de l’armée, Ahmed Gaïd Salah, à l’origine du «putsch blanc» qui l’a propulsé à la tête du régime et de l’État algérien, ou ce qu’il en reste.

Le peuple algérien ne s’est ainsi pas trompé d’ennemi en pointant ouvertement, ce vendredi 6 juillet, la «Mafia des Généraux», à leur tête l'actuel Général Ubu, qui détient le trophée peu reluisant d’avoir transformé l’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP), en «firme privée au service des copains et des coquins»!

De qui se moquait ce général 4 étoiles quand il a affirmé, dans son dernier discours, que la corruption avait franchi toutes les lignes jaunes en Algérie? Le peuple algérien n’est pas sans savoir en effet que ce général est lui-même l’illustration la plus affligeante de cette corruption devenue quasi-institutionnelle sous le règne vingtenaire de l'ancien locataire du palais Mouradia, Abdelaziz Bouteflika.

Comment Gaïd Salah peut-il donc s’afficher en tant que «Robin des bois» de la lutte anticorruption, alors qu’il en est l’incarnation la plus pathétique ?!

Le Général-businessman!Il y a deux ans, le360 épinglait le très juteux business auquel se livraient les nombreux enfants du Généralissime du côté d'Annaba, fief natal et familial des Gaïd Salah. "Trois de ses filles, Amel, Nassima et Lamia, s'étaient alors associées au sein de la société Ezahra, pour exploiter leur centre commercial", sachant que les malls étaient devenus un véritable must pour les fils du chef d'état-major.

Les garçons du Général, eux, étaient alors "très en flèche, en particulier Boumediène Ahmed Gaïd". A 38 ans, ce dernier était déjà actionnaire dans huit entreprises. "Particulièrement actif dans l'agroalimentaire, il possède notamment la laiterie-fromagerie Soprod, la société AGB Yagout, active dans le stockage de céréales et la production de pâtes et de semoules, mais aussi la firme d'embouteillage d'eau de source Aquaminéral, établie dans la wilaya d'El Tarf", pointait notre confrère Maghreb Confidentiel.

Et ce n'est pas tout! Boumediene s'activait "aussi dans le BTP, avec les sociétés Ryan's Built et Polymère Est (commercialisation du bitume et exploitation de carrières de sable, notamment), et possède des entrepôts sous douanes au travers de la société PSDA, au côté de son frère Adel Ahmed Gaïd, patron d'un petit quotidien arabophone annabi, Edough News».

De quelle lutte anticorruption parle-t-il alors, ce monsieur Gaïd Salah? De quel droit et du haut de quelle irresponsabilité ce Général octogénaire et corrompu peut-il jeter en prison d'anciens dirigeants pour le même motif, dont d'ex-premiers ministres? Pourquoi n'en fait-il pas autant concernant ses enfants qui ont accumulé des montagnes de fortunes sur les ruines du peuple algérien? 

"Si ton toit est en verre, ne jette pas de pierre sur celui du voisin", est-on en effet tenté de dire à ce Général prédateur. 

Par M'Hamed Hamrouch
Le 05/07/2019 à 14h12