Le cœur de l'ouragan, où les vents et les précipitations sont les plus intenses,a frappé de plein de fouet l'archipel des Keys, et se déplace maintenant à la vitesse de 13km/h vers la côte ouest, a annoncé le Centre américain des ouragans (NHC) dans un communiqué à 14H00 GMT (10H00 locale).
Irma a déjà fait 25 morts dans les Caraïbes et d'énormes dégâts matériel.
Depuis sa fenêtre au deuxième étage d'un petit bâtiment de Key Haven, à la pointe de l'archipel, Maggie Howes, a décrit une tempête d'une violence inouïe: "les bateaux sont littéralement arrachés, les palmiers sont couchés sur le sol. Les lignes électriques sont en train de lâcher", a-t-elle témoigné par téléphone sur la chaîne CNN.
Cette secouriste ne peut pour l'instant qu'observer et attendre la fin du passage de l'ouragan. "Il est absolument impossible d'être dehors pour le moment. Personne ne peut se tenir debout dans les vents que je vois par la fenêtre", a-t-elle ajouté.
Malgré les ordres d'évacuation obligatoires, de nombreux résidents semblent avoir choisi de rester sur cette une langue de terre très basse et particulièrement sensible aux inondations.
"Nous ne savons pas exactement combien de personnes sont restées dans les Keys. Les vents vont jusqu'à 215 km/h, la pluie entre 25 et 60 centimètres. C'est une zone très basse. Une marée de tempête jusqu'à 4,6 mètres. J'espère que tout le monde a écouté" les consignes, a dit le gouverneur de Floride Rick Scott sur la chaîne ABC.
Un conducteur a été tué samedi après-midi sur une route de l'archipel où les conditions météo étaient déjà difficiles. Son camion s'est écrasé contre un arbre, sans que les autorités puissent dire avec certitude si l'accident était directement lié à l'ouragan.
L'archipel des Keys avait déjà été aux trois quarts détruit par l'ouragan Donna il y a 57 ans jour pour jour, le 10 septembre 1960.
Un sort similaire attend maintenant une bonne partie de la Floride. L'œil de l'ouragan se dirige à présent le long de la côte ouest de la Floride où l'alerte est maximale. Les agglomérations ressemblent depuis samedi à des villes-fantômes.
Le long du rivage de la ville de Naples, des quartiers chics totalement évacués de leurs habitants étaient battus dimanche matin par des pluies diluviennes et les rues, complètement désertées, jonchées de palmes arrachées aux cocotiers.
Les marées de tempête de plus de 4 mètres, une montée brutale des eaux provoquée par la dépression, annoncées par le NHC, suffisent à recouvrir la hauteur d'une maison.
"Tout ce que nous voulons, c'est de rester sains et saufs", confiait Viviana Serra, interrogée en train de prier dans un refuge près de la ville de Naples, sur la côte ouest, avant l'arrivée de l'ouragan.
Mais Irma est si gigantesque que la côte est de la Floride, en particulier Miami ne sont pas épargnées. La ville est assaillie par des vents et une pluie très intenses. Les services de secours ont indiqué être dans l'incapacité de répondre aux appels d'urgence.
"Sur 41 appels reçus cette nuit nous n'avons pu répondre qu'à trois d'entre eux", a indiqué la ville de Miami sur son compte Twitter.
Les résidents de Floride doivent également craindre les tornades apportées par Irma. Plusieurs alertes ont été déclenchées, y compris pour la zone de Miami Beach.
Dimanche matin, plus d'un million de foyers et entreprises en Floride étaient privés d'électricité, selon la compagnie Florida Power and Light.
Des ordres d'évacuation d'une ampleur sans précédent - concernant 6,3 millions de personnes au total- ont été donnés avant l'arrivée d'Irma en Floride. C'était aussi le cas pour la base aérienne de MacDill, quartier général du commandement central américain au Moyen-Orient (Centcom), située à Tampa que l'ouragan devrait frôler ou frapper tôt lundi. A Orlando, le centre spatial Kennedy était fermé.
"C'est une tempête d'une énorme puissance destructrice, et je demande à tous ceux qui se trouvent sur le passage de la tempête de suivre TOUTES les consignes des responsables du gouvernement", a tweeté le président américain Donald Trump.
Dans les îles françaises de Saint-Martin et Saint-Barthélemy, épargnées par José mais dévastées par Irma, une partie de la population ne cachait pas dimanche son exaspération face aux moyens jugés insuffisants mis en place par l'Etat français.
A Cuba, où l'ouragan est arrivé dans la nuit de vendredi à samedi, Irma a provoqué des inondations jusqu'à La Havane à Cuba et semé de nombreuses destructions dans le centre et l'est de l'île mais sans décès recensé officiellement dans l'immédiat.
Impuissants face à Irma, des résidents de Floride ont suggéré de tirer en direction de l'ouragan, suscitant des mises en garde très officielles des autorités dans un Etat où le port d'une arme à feu est routinier.
"Pour être clair, NE TIREZ PAS sur Irma. Cela ne l'arrêtera pas et aura des conséquences dangereuses", a cru bon de préciser le bureau du shérif du comté de Pasco, sur la côte ouest de la Floride, sur son compte Twitter.
Partie comme un canular sur internet, l'idée a rapidement été prise au sérieux, certains habitants de Floride allant jusqu'à suggérer d'utiliser des lance-flammes pour mieux disperser l'ouragan.