Encore une apparition qui promet de raviver la polémique sur l’état de santé du président Bouteflika, neuf jours après la microvidéo diffusée par la télévision d’Etat algérienne, Canal Algérie, sur l’audience accordée de 59 secondes, dimanche 19 mars, par le président à son ministre Abdelkader Messahel. Lors du journal de 19 heures de Canal Algérie (mardi 28 mars), le journaliste annonçait: «le président Bouteflika s’est entretenu mardi à Alger avec le président de la République du Congo, Denis Sassou Nguesso», en visite d’Etat en Algérie.
Une allégation d’«entretien» qui a été vite démentie par les images retransmises le même jour, mais en différé, par la même télévision publique algérienne, dans une tentative de couper court à la polémique qui fait rage depuis l’annulation de la visite à Alger de la chancelière allemande Angela Merkel, suivie de l’annulation de la visite du président iranien Hassan Rohani et celle du ministre espagnol des Affaires étrangères Alfonso Dastis. Or la polémique risque de gagner en ampleur, l’«entretien» supposé entre Bouteflika et Sassou Nguesso n’en a visiblement pas été un. En fait d'échange et de dialogue, il n’a été question que d'un soliloque. Canal Algérie a eu beau user et abuser de zooms dynamiques, multiplier les plans larges et surtout répéter les séquences et les coupures pour animer un personnage inerte, ce fut peine perdue. Le mode mute de «l’entretien» n’arrange rien.
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Lors de son avant-dernière apparition, le 19 mars, aux côtés du ministre Messahel, Bouteflika avait remué par deux fois les lèvres l’espace des 59 secondes qu’a duré l’audience. Cette fois, il n’a pas émis le moindre mouvement, démontrant, à qui veut bien le voir, que le président est incapable d'un minimum de motricité. La télévision algérienne donne à voir les réunions du président algérien en mode mute. Le fait que Bouteflika soit sans voix en dépit d’un petit micro, supposé amplifier ses paroles, ravive la controverse autour des capacités du président algérien à gouverner. S’il ne peut même pas articuler, comment peut-il se faire entendre?
De plus, en dépit de toutes les mises en scène, Abdelaziz Bouteflika se tient arc-bouté sur son fauteuil. Son dos courbé porte à croire qu’il ne peut pas supporter de rester assis, ne fût-ce qu'un bref moment. Ce qui incline à penser que le président algérien passe le plus clair de son temps, couché sur un lit médicalisé. Et qu’il a été arraché à son alitement pour être livré à cet insupportable show.
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Une réalité que ni l’exercice de rafistolage auquel se livre la télévision publique, ni les fausses «assurances» données par les officiels algériens, encore moins cette vacance sidérale au sommet de l’Etat algérien, ou ce qu’il en reste, ne peuvent évidemment démentir. Au contraire, ce bien triste spectacle ne fait que renforcer la certitude concernant l’incapacité du président octogénaire à gouverner et attise les appétits de ceux qui se préparent à sa succession. Au premier rang des prétendants au poste, le général Gaïd Salah.