Venezuela. ONU: l’ambassadeur Rafael Ramirez limogé par Maduro

Rafael Ramirez, ex-ambassadeur du Venezuela à l'ONU. 

Rafael Ramirez, ex-ambassadeur du Venezuela à l'ONU.  . DR

L’ambassadeur du Venezuela à l’ONU a été limogé par le président Maduro. Grand pourfendeur de l’intégrité territoriale du Maroc, Rafael Ramirez est limogé dans le cadre d’une lutte contre les «mafias» du secteur pétrolier qui ont ruiné le Venezuela. L’ambassadeur marocain Omar Hilal avait raison.

Le 30/11/2017 à 16h50

«Au moment où son peuple ne trouve pas de médicaments pour se soigner, ni d’aliments pour se nourrir, ni de lait pour les bébés et que le gouvernement ferme les écoles pour économiser l’électricité, son ambassadeur à New York se permet de se balader dans ses deux jets privés aux Etats-Unis et aux Caraïbes», dixit Omar Hilal, Ambassadeur du Maroc aux Nations Unis, lors d’un échange tendu avec son homologue vénézuélien de naguère, connu comme étant un défenseur zélé de la fantomatique RASD.

Le diplomate marocain avait raison de s’étonner du train de vie de son homologue vénézuélien alors que son pays tombait en ruine et tout manquait à une population vénézuélienne poussée à la mendicité.

L’explication de cette richesse a été donnée par le président Maduro lui-même en demandant la tête de son ambassadeur à l’ONU qui serait impliqué dans la mafia qui a conduit le secteur pétrolier vénézuélien à la ruine. D’où son limogeage par l’Exécutif.

Lutte contre la mafia du secteur pétrolier

Selon diverses sources, dont Reuters, l’Exécutif vénézuélien avait demandé à Ramirez de démissionner. Toutefois, ce dernier, occupant un poste stratégique à plusieurs égards, était réticent à la demande du président Maduro. Finalement, le chancelier de la République, Jorge Arreaza, s’est rendu à New York pour exécuter la destitution de l’ambassadeur zélé.

Si une certaine confusion persiste sur ce limogeage, l’absence de Ramirez lors d’une réunion sur les droits du peuple palestinien, mercredi dernier, confirme, en quelque sorte, sa destitution.

Un limogeage qui rentre dans le cadre de la lutte contre les mafias que mène le président Maduro. Ce dernier a nommé la semaine dernière Manuel Quevedo, major-général de l’armée, à la tête de la compagnie Petroleas de Venezuela S.A (PDVSA) qui a été pendant longtemps dirigée par Ramirez avant sa nomination en tant qu’ambassadeur du Venezuela à l’ONU. Lors de cette investiture, Maduro a promis de démanteler les «mafias» «qui ont volé dans les coffres de la nation». 

Selon les observateurs avertis, il visait particulièrement Ramirez qui fut pendant 10 ans ministre du pétrole et patron de la puissante compagnie PDVSA. «Ils ne se sont pas contentés de voler le pays… ils se croyaient propriétaires de l’industrie pétrolière», dira le président du Venezuela.

Corruption

Dans le cadre de cette lute contre les mafias, les autorités vénézuéliennes ont arrêté une cinquantaine de responsables de l’industrie pétrolière dans le cadre de la lutte contre la corruption.

Se sentant visé par le président, Ramirez était du coup devenu de plus en plus critique vis-à-vis de Maduro et se voyait déjà comme un potentiel candidat à la présidentielle vénézuélienne de 2018 pour succéder à un président chaque jour davantage impopulaire dans un pays en ruine.

Selon des sources vénézuéliennes, Ramirez sera remplacé par Samuel Mocada, représentant permanant du Venezuela au sein de l’Organisation des Etats américains (OEA).

Ambassadeur du Venezuela aux Nations Unies depuis 2014, Rafael Ramirez s’est illustré depuis sa nomination par une croisade idéologico-politique contre l’intégrité territoriale du royaume du Maroc en défendant bec et ongles la thèse algérienne sur le Sahara marocain.

Un opposant zélé à l'intégrité du territoire marocain

Les passes d’armes entre Ramirez, qui présidait le Comité de décolonisation de l’ONU, et Omar Hilal, ambassadeur du Maroc à l’ONU se sont d’ailleurs répétées au cours des dernières années. 

Ainsi, dernièrement, lors d’une rencontre sur le financement des objectifs de développement durable (ODD) à l’ONU, Hilal avait rétorqué à Ramirez en lui expliquant que «le Venezuela, qui est la dernière dictature en Amérique latine, n’a aucune légitimité pour attaquer le Maroc», avant d’ajouter que “les populations sahraouies à Laâyoune, Dakhla et Smara vivent en toute liberté, sans terreur ni violation de leurs droits. Ce qui n’est pas le cas dans la dernière dictature de l’Amérique Latine. Les leaders politiques du Venezuela sont kidnappés, emprisonnés et torturés. Les manifestants innocents sont tués dans les rues de Caracas. La population est affamée, n’a pas de quoi se nourrir ni les médicaments pour se soigner. Heureusement, les autorités colombiennes ont ouvert leurs frontières pour sauver la population de ce pays riche de l’Amérique Latine, pour ne pas mourir de faim ni de maladies".

Enfin, ce limogeage intervient dans le cadre d’une lutte intestine au sein du parti socialiste au pouvoir. Le président Maduro, malgré l’échec de sa politique et celle du socialisme prôné par son parti et qui a ruiné le Venezuela, est candidat à sa propre succession lors de la présidentielle de 2018. Ne dit-on pas que «les révolutions finissent toujours par manger leurs enfants.»?

Par Moussa Diop
Le 30/11/2017 à 16h50