Un scandale sexuel entraîne le report de l'annonce du Prix Nobel de littérature

Jean-Claude Arnault, le Français par qui le scandale est arrivé.

Jean-Claude Arnault, le Français par qui le scandale est arrivé. . DR

Un Français a été condamné ce lundi en Suède à deux ans de prison pour viol, dans une affaire liée au mouvement #MeToo qui a entraîné le report d'un an du prix Nobel de littérature.

Le 01/10/2018 à 12h56

Jean-Claude Arnault, 72 ans, était poursuivi pour le viol à deux reprises, en octobre puis décembre 2011, d'une jeune femme dans un appartement de Stockholm. Il est condamné pour les seuls faits commis en octobre, a indiqué la juge Gudrun Antemar.

"Il n'y a aucune raison pour une peine plus courte que deux ans", a-t-elle justifié lors d'une conférence de presse, soulignant que la victime, dont le témoignage a été qualifié de crédible en l'absence de preuves matérielles, s'était trouvée "sans défense".

Le scandale, qui a ébranlé l'Académie suédoise, a éclaté en novembre 2017, un mois après les révélations sur les viols et les autres agressions sexuelles imputées au producteur de cinéma américain Harvey Weinstein.

Les témoignages de 18 femmes, dont celui de la plaignante, publiés alors dans le quotidien Dagens Nyheter, accusant le Français de viol ou d'agression sexuelle, ont fait imploser l'Académie suédoise qui décerne depuis 1901 le prix Nobel de littérature.

Jean-Claude Arnault, marié à une académicienne, entretenait des liens étroits avec cette institution dont les membres se déchirent depuis sur leurs responsabilités et la façon de gérer la crise.

Décrédibilisée, privée du quorum nécessaire pour fonctionner après le départ de plusieurs sages, l'Académie suédoise a reporté d'un an l'annonce du Nobel 2018, une première depuis 70 ans.

"C'est réjouissant que la justice soit rendue et que la cour dans son jugement marque la gravité des délits", de Jean-Claude Arnault, a écrit à l'agence locale TT, l'académicien Peter Englund, en congé de l'institution depuis le printemps.

Plusieurs plaintes visant le Français ont été classées faute de preuves ou frappées par la prescription, mais la justice a estimé disposer de suffisamment d'éléments à charge dans un dossier remontant à 2011.

Le 5 octobre de cette année-là, dans un appartement stockholmois, Jean-Claude Arnault a contraint à des relations sexuelles la victime qui se trouve dans un état "de peur intense", selon l'acte de mise en accusation consulté par l'Agence France Presse.

Les faits se seraient répétés dans la nuit du 2 au 3 décembre, dans le même appartement, tandis que la victime dormait mais la cour a estimé que les preuves n'étaient pas suffisantes pour qualifier le viol.

Jean-Claude Arnault, 72 ans, a clamé son innocence tout au long de ce procès tenu à huis clos. A la demande du parquet, il avait été placé en détention provisoire à l'issue du réquisitoire.

Sa défense, qui ne s'est pas encore exprimée à l'annonce du verdict, avait auparavant indiqué avoir l'intention de faire appel.

"Nous ne plions pas", avait dit au quotidien Aftonbladet, Björn Hurtig, son avocat.

Jean-Claude Arnault était le directeur artistique de Forum, un club très sélect qu'il avait créé en 1989 et où se côtoyaient éditeurs, écrivains, dramaturges ou musiciens en vue, mais également de nombreuses jeunes femmes.

Il recevait de généreux subsides de l'Académie suédoise. Ses accusatrices affirment que l'académie connaissait ses écarts de conduite mais que l'influente institution faisait régner une "culture du silence" dans les cercles culturels de Stockholm.

Il se vantait d'être le "19e membre" de l'Académie. Selon des témoins, il soufflait le nom des futurs lauréats du Nobel à ses amis.

Le 01/10/2018 à 12h56