L'image de marque du président doit beaucoup à la résolution qu'il a affiché quand il était la star de l'émission de téléréalité "The Apprentice". À tel point que beaucoup ont du mal à l'imaginer autrement que comme un homme d'affaires à la dent dure.
Mais maintenant qu'il a accepté, sous la pression, de sortir de l'impasse budgétaire qui paralyse en partie depuis plus d'un mois les administrations fédérales, il est clair que la Maison Blanche n'est pas une salle de conférence d'un magnat de l'immobilier, et encore moins un plateau de télévision.
Au bout de plusieurs semaines de ce qui a été décrit comme des bagarres de cour de récréation avec les démocrates, pendant que des centaines de milliers de fonctionnaires n'étaient pas payés, Trump a dû se résoudre à lacher du lest.
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Toutes les administrations devraient bientôt se remettre au travail pour trois semaines, grâce au choix de Trump de faire machine arrière, au moins temporairement. Son exigence, d'un financement immédiat d'un mur anti-immigration clandestine à la frontière avec le Mexique, attendra.
Le recul est d'autant plus difficile à avaler que la journée avait commencé vendredi avec l'inculpation de Roger Stone, "vieil ami" et conseiller de longue date de Donald Trump, dans l'enquête sur les soupçons de collusion entre l'équipe de campagne du milliardaire républicain et Moscou.
La porte-parole de l'exécutif, Sarah Sanders, s'est efforcée d'afficher son calme. L'interpellation de Stone, depuis libéré sous caution, n'a "rien à voir avec le président et assurément rien à voir avec la Maison Blanche", a-t-elle déclaré.
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Et Trump a encore insisté vendredi soir sur Twitter: le recul sur le mur "n'était en aucun cas une concession". Plutôt une marque de considération de sa part pour les fonctionnaires sans salaire, selon lui.
Quelle leçon? Le tempétueux New-Yorkais a bâti sa carrière sur une image de force et de confiance en soi. Et il vante constamment ses talents de négociateur.
"Mon style dans la négociation est assez direct et simple. Je vise très haut et puis je continue juste à pousser et pousser et pousser jusqu'à ce que j'aie ce que je veux", dit-il dans son livre "The Art of the Deal", qui a beaucoup fait pour son image de magnat américain par excellence.
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Lorsqu'il a refusé de financer une partie du gouvernement en décembre, Trump pensait que proclamer haut et fort son pouvoir exécutif forcerait le Congrès à céder à sa requête de 5,7 milliards de dollars pour le mur, une promesse de campagne phare. Mais Trump, un novice en politique, avait apparemment compté sans le basculement de la Chambre des représentants vers une majorité démocrate, ce qui est le cas depuis début janvier.
La présidente de la Chambre, l'habile stratège Nancy Pelosi, sa principale adversaire, a pour sa part des décennies d'expérience derrière elle. Et cela se voit.
Comme l'a dit sa propre fille à CNN: "Elle est du genre à vous arracher la tête sans que vous vous rendiez même compte que vous saignez".
Deuxième manche Après avoir perdu la première manche, Donald Trump en promet une deuxième dans trois semaines s'il n'a pas le financement pour son mur.
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Cela pourrait signifier un deuxième "shutdown", voire une déclaration de situation "d'urgence" qui lui permettrait d'activer des pouvoirs extraordinaires afin de contourner le Congrès.
À la limite de la provocation, le chef de la minorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, l'a mis en garde contre un nouveau conflit. "Espérons que le président a retenu la leçon". Mais il se pourrait que pour Donald Trump, cette leçon ne soit pas la même que pour Schumer.
Comme le milliardaire républicain l'a dit dans un des livres signés de son nom: "Ma devise, c'est de toujours rendre la pareille. Quand quelqu'un vous baise, vous lui faites la même chose, en pire".