Sénégal: pas de craintes sur la «malédiction» des ressources naturelles

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Après les récentes découvertes de pétrole et de gaz au Sénégal, certains redoutent la «malédiction des ressources naturelles», à l’image de beaucoup de pays africains. Les autorités tentent de rassurer.

Le 30/01/2016 à 01h57

«Il n’y a pas à avoir peur de la malédiction des ressources naturelles», explique le ministre de l’Energie et du développement des énergies renouvelables, Thierno Alassane Sall, invitant à faire confiance au «génie propre» des Sénégalais.

Il réagissait aux commentaires portant sur la découverte, au large de Saint-Louis, d’un gisement de gaz constitué de 450 milliards de mètres cubes par la compagnie américaine Cosmos Énergie. Un gisement présenté comme le plus grand de la sous-région ouest-africaine et qui fait suite à d’autres découvertes de pétrole. 

«Je suis heureux de savoir qu’il y a du pétrole offshore au Sénégal. Mais j’aurais préféré que vous n’en ayez pas […]. La tentation des matières premières est une tentation dramatique. Et je préférerais encore que vous n’en ayez pas. Je pense que vous devriez continuer à raisonner comme si vous n’en aviez pas», déclarait ainsi récemment, à Dakar, l’historien et économiste français, Philippe Chalmin, par ailleurs ancien conseiller du commerce extérieur de la France, membre du Conseil d analyse économique auprès du Premier ministre français en 2006 et consultant de la Banque Mondiale.

En Afrique, la découverte et l’exploitation de ressources naturelles ont souvent conduit à des crises politiques voire des conflits armés. «Le Sénégal a un système politique qui a démontré sa solidité et a su faire face à toute sorte de crises […] Les richesses qui seront tirées de l’exploitation de ces ressources peuvent changer nos destinées dans les domaines de l’industrie et du tourisme, à travers l’aménagement d’importants potentiels du pays», répond Thierno Alassane Sall, convaincu que le Sénégal est un cas différent.

Il a, en outre, évoqué l’impact que ces découvertes pourraient avoir sur la qualité des ressources humaines au Sénégal, à travers notamment de potentielles écoles d’ingénierie. «Avec ces nouvelles découvertes beaucoup de choses peuvent changer. Nous pourrons, par exemple, électrifier tout le pays», dit-il, préférant «connaître les problèmes de riches» que le contraire.

Par Ibrahima Diallo
Le 30/01/2016 à 01h57