La presse algérienne s'interroge non sans une pointe de dérision sur le déplacement du ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, à Abu Dhabi aux Emirats arabes unis.
Déconcertée par les multiples revers de la diplomatie algérienne, elle affiche, sans le dire clairement, son mécontentement quant à ce voyage qui se déroulait alors même qu'avait lieu à Paris, sous l'impulsion du président français Emmanuel Macron, une réunion entre le Premier ministre libyen, Fayez al-Sarraj et le général Khalifa Haftar, commandant de l'Armée nationale libyenne (LNA). Une réunion qui a débouché sur un accord entre les deux "frères ennemis" sur la tenue des élections.
Du côté d'Alger, la pilule passe mal, surtout que le pays a toujours voulu jouer les premiers rôles dans la crise libyenne. L'Algérie apprécie donc peu que la France lui tire le tapis sous les pieds.
C'est ce que regrette le site internet algérien tsa-algerie.com qui s'interroge sur la présence d'Abdelkader Messahel aux Emirats arabes unis. "Pauvre Abdelkader Messahel. Au moment où l’avenir de la Libye se jouait peut-être à Paris autour d’Emmanuel Macron, notre ministre des Affaires étrangères twittait des photos depuis Abu Dhabi", ironise le site.
Lire aussi : Dossier libyen: encore un échec très cuisant pour la diplomatie algérienne
L'hypothèse selon laquelle le ministre algérien était aux Emirats pour présider un conseil de la Ligue arabe est loin de convaincre.
D'autres avançaient une médiation algérienne dans la crise du Golfe. "Affirmer une telle chose, c’est méconnaître le dossier en question. Des émissaires européens et le président turc viennent de rentrer bredouilles de leurs missions de médiation. Mieux: à l’issue du voyage d’Erdogan dans la région, l’Arabie saoudite et le front anti-Qatar ont annoncé, ce mardi, de nouvelles sanctions contre des personnes et des organisations liées à l’émirat gazier", ajoute tsa-algerie.com, qui affirme que "la crise entre le Qatar et ses voisins est gérée directement par Washington".
Et d'ajouter: "L’affaire dépasse de loin les capacités de médiation de la diplomatie algérienne. D’ailleurs, personne ne semble avoir demandé une médiation algérienne. Le principal acteur du conflit, l’Arabie saoudite, n’a même pas jugé utile d’envoyer un émissaire à Alger ou de recevoir notre ministre des Affaires étrangères qui est en voyage dans la région. On voit très mal comment dans ces conditions on peut parler de médiation algérienne".
Lire aussi : Ramtane Lamamra paie cash l’échec de la diplomatie algérienne face au Maroc
En définitive, la diplomatie algérienne, qui s'est fait une spécialité d'attaquer le Maroc sur tous les fronts, est jugée par les siens, absente, voire impuissante, dans les grands dossiers qu'elle devrait aborder en premier lieu.