Kamala Harris, Elizabeth Warren, Tulsi Gabbard, Kirsten Gillibrand et Amy Klobuchar, ces cinq femmes se sont engouffrées dans la brèche ouverte par l’absence d’un archi-favori au sein du clan démocrate pour briguer l’investiture. Si elles sont plus nombreuses qu’en 2016, leur tâche n’en sera pas aisée pour autant.
Face à elles, au moins sept candidats déjà confirmés, dont le très populaire sénateur du Vermont Bernie Sanders, alors que d’autres poids lourds du parti n’ont toujours pas annoncé leur candidature, notamment l’ancien vice-président américain, Joe Biden, et la coqueluche des médias, le texan Beto O’Rourke.
Ces cinq candidates sont également à l’image d’un parti démocrate en profonde mutation. Ebranlés par la façon dont l’aile ultra-conservatrice du parti républicain a su prendre le contrôle du parti de l’éléphant, les Démocrates ont opéré depuis l’investiture de Donald Trump un net virage à gauche, portés par le message social de Bernie Sanders, malgré sa défaite face à Mme Clinton.
Cette transformation a débouché sur un parti de l’âne indécis entre une aile modérée et une autre beaucoup plus à gauche. Parmi les cinq candidates, trois femmes sortent du lot dans les sondages, chacune incarnant un courant de la gauche américaine.
Lire aussi : Etats-Unis: Bernie Sanders candidat à la présidentielle
Ainsi, du côté modéré du parti démocrate, on retrouve la sénatrice du Minnesota, Amy Klobuchar, qui s’est faite connaître par son échange rendu viral avec le candidat désigné par le président Trump pour pourvoir un siège vacant à la Cour Suprême, Brett Kavanaugh, au cours de son audience de confirmation par le Sénat.
Interrogée, au cours de la campagne, sur son opinion au sujet de la couverture maladie obligatoire pour tous et de la gratuite des études universitaires, des mesures revendiquées notamment par Bernie Sanders, Mme Klobuchar a répondu avec un "non" catégorique, jugeant de telles propositions irréalistes.
"Je ne suis pas en faveur des études universitaires gratuites pour tous pendant quatre ans", a-t-elle déclarée lors d’une rencontre télévisée avec les électeurs. "Si j’étais un génie fantastique et que je pouvais offrir cela à tout le monde et que nous pouvions nous le permettre, je l’aurais fait", a-t-elle ajouté.
Si elle est respectée pour son attitude sérieuse et stoïque, la réputation de Mme Klobuchar a été éclaboussée, quelques jours après l’annonce de sa candidature, par des rapports médiatiques faisant état de mauvais traitements à l’égard de ses collaborateurs à Capitol Hill. Selon Buzzfeed, ses employés lui reprochent ses coups de sang et ses colères récurrentes.
"Suis-je un patron parfois difficile? Oui. Est-ce que j’ai poussé des gens trop fort? Oui", a-t-elle rétorqué face à ces accusations, expliquant qu’elle attend beaucoup d’elle même et qu’elle s’attend à ce que son équipe fasse pareil.
De son côté, la très expérimentée Elizabeth Warren incarne l’aile dite "radicale" du parti démocrate. La sénatrice du Massachusetts s’est forgée une réputation de parangon de la lutte contre les disparités sociales par ses nombreuses sorties virulentes contre le pouvoir des multinationales et le président Trump.
Lire aussi : "Raciste", "escroc", "tricheur"...Le grand déballage de l'ex-avocat de Trump
Lors de l’annonce de sa candidature, Mme Warren a décrit Trump comme étant "le symbole d’un problème plus large d’un système corrompu qui soutient les riches et les puissants en écrasant tous les autres".
Placée quelque part entre ses deux rivales démocrates, Kamala Harris est considérée comme l’étoile montante du parti. Si jamais elle venait à remporter les élections de 2020, Mme Harris deviendrait non seulement la première femme présidente des Etats-Unis, mais également la première femme d'origine asiatique et afro-américaine à siéger au Bureau Ovale.
A l’instar de Mme Klobuchar, Mme Harris est connue pour ses interrogatoires musclés au Sénat, le résultat sans doute de son mandat de procureur général de Californie. Favorable au "Medicare for All", Mme Harris est également une farouche opposante des armes à feu et milite en faveur d’une réforme fiscale afin de renforcer le pouvoir d’achat de la classe moyenne.
Libérées par la campagne présidentielle d’Hilary Clinton, les candidates démocrates sont mieux placées que jamais pour briguer l’investiture démocrate, voire la présidence. Que ce soit Harris, Klobuchar, Warren ou une autre, elles pourront compter sur le soutien considérable des électrices qui, de l’aveu de beaucoup, ont en assez de réélire "le même vieux type blanc".