Poutine, qui doit être investi lundi pour un quatrième mandat présidentiel après avoir largement remporté l'élection du 18 mars avec plus de 76% des voix, garde donc les clés du Kremlin jusqu'en 2024, année de ses 72 ans. Ex-officier du KGB, Vladimir Poutine est arrivé en 2000, succédant à Boris Eltsine à la tête d'un pays au pouvoir instable et à l'économie défaillante. Loué par nombre de ses concitoyens pour avoir été l'homme de la stabilité et d'une nouvelle prospérité, grâce à une manne pétrolière conséquente, il est vilipendé par ses détracteurs pour un net recul des droits de l'Homme et des libertés.
Sur la scène internationale, celui qui avait qualifié la disparition de l'Union soviétique de "plus grande catastrophe géopolitique du XXe siècle" s'est employé à restaurer l'influence de la Russie dans le monde, mise à mal après la chute de l'URSS et les années chaotiques du règne de Boris Eltsine. Sa méthode? Une lutte patiente et obstinée, à l'affût de signes de faiblesse de l'adversaire, expliquait en 2013 ce huitième dan de judo, répondant à un Russe qui lui demandait de tout faire pour enfin "rattraper et dépasser" l'Amérique, un vieux slogan de l'époque soviétique.
Une technique appliquée avec succès en Syrie, où l'intervention militaire de la Russie depuis 2015 en soutien au régime de Damas a changé le cours de la guerre et permis au président Bachar al-Assad de rester au pouvoir, au grand dam d'Occidentaux quelque peu dépassés. L'année précédente, Vladimir Poutine avait endossé les habits de restaurateur de la "grande Russie" en annexant la péninsule ukrainienne de Crimée, après une intervention des forces spéciales russes suivie quelques jours plus tard d'un référendum de rattachement jugé illégal par Kiev et les Occidentaux.
Cette opération a accru son prestige à domicile mais elle a déclenché la pire crise depuis la fin de la Guerre froide entre Russes et Occidentaux, qui accusent en outre Moscou de soutenir militairement une rébellion séparatiste dans l'est de l'Ukraine, ce que le Kremlin dément. Aux tensions sur la Syrie et l'Ukraine se sont ajoutées à partir de l'élection de Donald Trump aux Etats-Unis des accusations d'ingérence dans la présidentielle américaine et plus récemment une crise sans précédent avec Londres après l'empoisonnement d'un ex-espion russe réfugié en Angleterre.
Passionné de sport, le président russe a aussi cherché à imposer son pays, qui accueille cet été la Coupe du monde de football, comme une grande puissance sportive. En 2014, la Russie avait organisé les jeux Olympiques d'hiver les plus chers de l'Histoire dans la station balnéaire de Sotchi, au bord de la mer Noire. Mais les rêves du Kremlin sont assombris par des accusations de dopage institutionnalisé -- qu'il rejette -- depuis la sortie du rapport McLaren en 2016.
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Né le 7 octobre 1952 dans une famille ouvrière qui occupait une pièce d'un appartement communautaire à Léningrad (Saint-Pétersbourg), Vladimir Poutine n'était en rien prédisposé aux ors du Kremlin. "Je viens d'une famille modeste, j'ai vécu très longtemps cette vie", raconte-t-il sur un site internet dédié à sa biographie. De cette jeunesse dans les rues de Léningrad, il déclara en 2015 avoir appris une chose: "Si le combat est inévitable, il faut frapper le premier".
Diplômé de droit, il entre au KGB, dont il devient un agent du renseignement extérieur. Il sera envoyé en mission de 1985 à 1990 à Dresde, en Allemagne de l'Est, un poste plutôt modeste. Après le délitement de l'URSS, l'agent du KGB se recycle en conseiller aux relations extérieures du nouveau maire libéral de Saint-Pétersbourg, puis entame une ascension fulgurante.
En 1996, il est appelé à Moscou pour travailler au Kremlin. Nommé en 1998 à la tête du FSB, successeur du KGB, il est désigné un an plus tard Premier ministre par le président Boris Eltsine, à la recherche d'un successeur capable de garantir sa sécurité après sa retraite. Eltsine et son entourage avaient été séduits par la discrétion et l'efficacité de cet homme au front dégarni et au regard perçant. Certains proches de Eltsine pensent alors pouvoir le manipuler facilement, mais Vladimir Poutine entreprend de rebâtir l'autorité de l'Etat en formant une "verticale du pouvoir" dépendant de lui seul.
Cultivant déjà l'image d'un dur, en octobre 1999, à la suite d'une vague d'attentats, il engage la deuxième guerre de Tchétchénie, un conflit sanglant marqué par des exactions de l'armée russe et le bombardement aveugle de Grozny. Cette guerre sera le fondement de sa popularité en Russie et à l'origine de son image d'homme à poigne. Lorsque Boris Eltsine démissionne fin 1999 et désigne son Premier ministre pour lui succéder, Vladimir Poutine s'est déjà imposé comme le nouvel homme fort du pays.
Elu facilement en 2000, Poutine accélère sa prise en main du pouvoir en s'appuyant sur les "structures de force" (services secrets, police, armée) et sur ses proches de Saint-Pétersbourg.