La parole sera donnée au Premier ministre Edouard Philippe, appelé à détailler devant les députés les mesures dévoilées par le chef de l'Etat dans son adresse télévisée à la Nation.
Le pouvoir attend aussi d'étudier les mouvements de l'opinion, jugés cruciaux pour la poursuite de la crise, en l'absence d'organisation structurée des "gilets jaunes", un mouvement protéiforme et non centralisé.
Juste après le discours, de nombreux protestataires ont annoncé leur détermination à poursuivre les blocages et barrages filtrants, notamment sur les ronds-points, et ont appelé à un "acte V" de la mobilisation samedi dans toute la France. Ce serait le cinquième samedi consécutif de mobilisation nationale depuis le 17 novembre, date du début du mouvement.
L'Etat cherche à prévenir de nouveaux débordements graves comme ceux des deux samedis précédents. Emmanuel Macron a averti que les "violences inadmissibles (...) ne bénéficieront d'aucune indulgence".
Les violences ont déclenché des mesures policières sans précédent en France. Depuis la première manifestation des "gilets jaunes" le 17 novembre, 4.523 interpellations ont été effectuées sur tout le territoire. Elles ont donné lieu à 4.099 gardes à vue.
Devant l'Assemblée nationale, Edouard Philippe devrait fixer les contours des principales mesures sociales énumérées par le chef de l'Etat: augmentation de 100 euros du salaire minimum (le Smic), exemption de la hausse d'une taxe dite CSG pour les retraités dont la pension est inférieure à 2.000 euros par mois, ou défiscalisation des heures supplémentaires.
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De nombreuses inconnues demeurent sur leur mise en application: qui est concerné? A partir de quand? Avec quels financements?
Emmanuel Macron recevra mardi des représentants du secteur bancaire puis le lendemain les grandes entreprises pour leur demander de "participer à l'effort collectif", sans doute à travers des mesures fiscales.
Les mesures dévoilées lundi coûteront "entre 8 et 10 milliards, nous sommes en train de le préciser, de voir aussi comment nous allons le financer", a expliqué lundi soir Olivier Dussopt, secrétaire d'Etat auprès du ministre des Comptes publics.
"Beaucoup d'annonces semblent objectivement bricolées", a commenté Philippe Moreau-Chevrolet, un expert en communication politique. "Après quatre semaines de combat, les gilets jaunes se sont installés dans le paysage politique. Peut-être durablement. Ce retard dans la réaction est une faute politique majeure".
Ce discours de 13 minutes enregistré au palais de l'Elysée était présenté comme décisif pour le président, sur sa capacité à relancer son quinquennat en surmontant la crise politique la plus grave depuis son arrivée au pouvoir.
"Nous sommes à un moment historique pour notre pays", a déclaré Macron, disant décréter "l'état d'urgence économique et social".
Le président, dont le taux de popularité est au plus bas, a dit avoir conscience qu'il lui était "arrivé de blesser" certains par ses propos. De nombreux "gilets jaunes" l'accusent d'être "méprisant" et "hautain" avec ses "petites phrases" sur les "Gaulois réfractaires", les "fainéants" ou les gens "qui ne sont rien".
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Dans son discours, Macron a visiblement voulu donner des gages sociaux sans effrayer le monde économique, alors que la crise va faire perdre 0,1 point de croissance à la France au 4e trimestre, selon le ministre de l'Economie Bruno Le Maire. La Banque de France a ramené à 0,2%, contre 0,4% précédemment, sa prévision de croissance pour le dernier trimestre.
D'où des annonces qui ne pèsent ni sur les plus fortunés ni sur les entreprises. La mesure phare, la hausse pour les salariés au Smic, sera financée par une prime d'activité versée par l'Etat.
C'est également l'Etat qui paiera l'exonération de la hausse de CSG pour les retraites inférieures à 2.000 euros et la défiscalisation des heures supplémentaires. Quand à la prime de fin d'année annoncée par M. Macron, les entreprises sont appelées à la verser mais sur une base volontaire.
Chez les "gilets jaunes", l'accueil du discours a été très mitigé. La Bretonne Jacline Mouraud, une des figures du mouvement, a appelé à "une trêve" en saluant "des avancées, une porte ouverte" du pouvoir.
Mais sur de nombreux points de rassemblement, les "gilets jaunes" se sont déclarés "insatisfaits". "Macron n'a pas pris la mesure de ce qui se passait", a estimé Pierre-Gaël Laveder à Montceau-les-Mines, dans l'est.
Les première réactions syndicales ont été très critiques. Pour la CGT, Emmanuel Macron "n'a rien compris de la colère qui s'exprime".