Les nerfs profondément éprouvés depuis le séisme de mardi ont été mis à rude épreuve samedi matin par une nouvelle secousse, l'alerte sismique jetant les habitants de Mexico dans les rues, parfois encore en pyjamas ou pieds nus, peu avant 08H00 (12h53 GMT).
Un temps interrompu, le contre-la-montre des opérations de sauvetage se poursuivait sur au moins cinq sites, selon la mairie, une trentaine de personnes étant encore portées disparues dans la capitale, selon son maire Miguel Angel Mancera.
Avec la tombée du jour, la fatigue et le désespoir pesaient plus fortement sur les familles qui campent depuis mardi devant un immeuble de bureaux en ruines du quartier branché de Colonia Roma, où pourraient encore être prisonniers plusieurs de leurs proches.
Après avoir été rassurées par les explications de sauveteurs mexicains, américains et israéliens, les familles ont donné leur accord pour qu'entrent des engins plus lourds afin d'accélérer les recherches.
Un fauteuil rouge, une grosse climatisation, un énorme bout de toit et, vision insolite, un tableau apparemment intact montrant un magicien, ont été extraits des décombres dans la journée, ainsi que des centaines de seaux remplis de débris.
"Cela nous a donné de l'espoir de voir qu'il sortait la climatisation parce que ça pourrait avoir dégagé un grand trou" pour que les sauveteurs puissent entrer, confie Maria Soledad Dias, biologiste et amie d'un des nombreux comptables disparus. Le bruit du déblaiement, "c'est de l'espoir pour eux, ils savent qu'on les cherche", veut-elle croire.
Mais à mesure que s'éloigne le délai critique des 72 heures, au-delà duquel les experts estiment que les chances de survie sont faibles, l'optimisme se fait plus rare. Même si les proches des disparus se souviennent des sauvetages "miracles" accomplis après le grand séisme de 1985 dans cette mégalopole de 20 millions d'habitants.
Certains pleurent, d'autres prient devant la statue d'une vierge installée près de cet immeuble de l'avenue Alvaro Obregon devenu emblématique de la douloureuse attente des familles.
"Nous sommes venus sauver des vies. Il faut rester confiant et penser que peut-être qu'ils sont dans un lieu où ils peuvent continuer à recevoir de l'oxygène et donc survivre", explique à l'AFP Karin Kvitca, une sauveteuse israélienne âgée de 29 ans.
Depuis mardi, 69 personnes ont été sorties en vie d'immeubles effondrés à Mexico, a indiqué la Protection civile samedi. Son dernier bilan fait état samedi de 305 morts, dont 167 à Mexico, 73 dans l'Etat de Morelos et 45 à Puebla. Quatre Taïwanais, un Sud-Coréen, une Panaméenne, un Argentin et un Espagnol font partie de ces victimes.
Le maire Miguel Angel Mancera l'a martelé sur Twitter samedi: "les consignes et la priorité des équipes de secouristes sont de continuer les recherches et les sauvetages".
Mais familles angoissées et secouristes, parfois en larmes, ont dû attendre jusqu'à plusieurs heures la reprise des recherches à cause du séisme de magnitude 6,1, survenu peu avant 08H00 (12h53 GMT), dans l'Etat d'Oaxaca, dans le sud du Mexique.
Dans le sud de Mexico, à Tlalpan, les recherches ont aussi repris après une longue suspension qui avait profondément frustré les sauveteurs mexicains, dont certains ont pleuré, se serrant dans les bras devant les décombres.
Si ce nouveau séisme, dont l'épicentre est plus éloigné de la capitale que celui du 19 septembre, a été faiblement ressenti à Mexico, la peur a saisi les habitants encore choqués. Deux personnes sont mortes à Mexico d'un infarctus "à cause du séisme", selon la Protection civile.
Près de l'épicentre, dans l'Etat d'Oaxaca, la force de la secousse a détruit un pont, nettement coupé en deux, et causé la mort d'un homme et d'une femme, selon la Protection civile. Sous des bâches, assis sur des chaises en plastique, les proches d'une des victimes veillaient autour de son cercueil ouvert à Ixtlatepec.
La zone a récemment été violemment frappée par un séisme de magnitude 8,2 -le plus puissant en un siècle au Mexique- qui a fait une centaine de morts.
Le tremblement de terre de mardi est survenu 32 ans jour pour jour après celui de 1985 qui avait fait plus de 10.000 morts -jusqu'à 30.000 selon certaines estimations.
Les gestes de solidarité affluent du monde entier. Les footballeurs chilien Arturo Vidal, et brésilien, Dani Alves, ont envoyé une vidéo de soutien à Leonardo Farias, huit ans, plongé dans un coma artificiel après avoir été sorti des décombres de l'école Rebsamen, où ont péri 19 d'enfants et six adultes.