Le scandale des œufs contaminés s'amplifie et s'étend à toute l'Europe

Des éleveurs jettent des œufs aux Pays-Bas. 

Des éleveurs jettent des œufs aux Pays-Bas.  . AFP

L'UE veut convoquer une réunion sur la crise des œufs contaminés à l'insecticide fipronil, qui s'étend désormais à douze pays d'Europe, et dont les responsables sont traqués par la justice.

Le 11/08/2017 à 10h03

Interrogé par l'AFP, le commissaire européen à la Santé Vytenis Andriukaitis a proposé vendredi "de tenir une réunion de haut niveau rassemblant les ministres concernés ainsi que les représentants des agences de sécurité alimentaire dans tous les Etats membres impliqués, dès que l'ensemble des faits sera à notre disposition".

A l'origine de l'affaire, l'utilisation du fipronil -un antiparasite pourtant strictement banni dans les élevages de poules par l'Union européenne -par des sociétés de désinfection intervenant dans des exploitations agricoles aux Pays-Bas, en Belgique et en Allemagne.

Le Danemark, la Slovaquie et la Roumanie ont annoncé jeudi être à leur tour affectés. Cela porte à 12 le nombre de pays européens où des œufs contaminés ont été distribués, frais et en coquille, ou sous forme liquide à destination de l'industrie alimentaire.

Le scandale avait démarré de façon retentissante la semaine dernière par le retrait de millions d'oeufs des supermarchés allemands et néerlandais. L'enseigne allemande Aldi, où les rayons d'œufs sont restés vides pendant une semaine, a annoncé vendredi qu'elle avait repris la vente d'œufs.

Dans le volet judiciaire du scandale, deux dirigeants "de l'entreprise qui a probablement appliqué le produit dans les élevages avicoles" ont été arrêtés jeudi aux Pays-Bas, selon le Parquet, qui n'a pas révélé le nom de la société. Mais selon les médias néerlandais, il s'agit de ChickFriend, largement mise en cause par les éleveurs touchés.

Huit adresses ont été perquisitionnées aux Pays-Bas, où la justice a aussi dans son collimateur "le commerçant" qui a distribué du fipronil dans le pays.

En Belgique, 11 perquisitions ont été menées "dans tout le pays" dans le cadre de l'enquête qui cible désormais 26 personnes et entreprises suspectes, selon le Parquet d'Anvers (nord).

Il a précisé que "près de 6.000 litres de produits interdits" -du fipronil selon les médias- avaient été saisis en juillet dans une société belge. Là encore, la justice n'a pas désigné nommément l'entreprise, mais elle est identifiée comme le distributeur de produits sanitaires pour l'élevage Poultry-Vision, à l'origine du scandale avec ChickFriend, selon les médias.

Le dirigeant de Poultry-Vision a été "entendu" en juillet puis "relâché sous strictes conditions", précise le Parquet.

"Nous devons examiner en détail ce qui s'est passé (...) que nos experts identifient où les problèmes ont pu surgir pour que nous soyions capables de nous asseoir et discuter de solutions et de la marche à poursuivre", a asséné M. Andriukaitis.

Le fipronil est couramment utilisé contre les poux et tiques sur les animaux domestiques, mais interdit dans la chaîne alimentaire. A haute dose, il peut provoquer des troubles neurologiques et des vomissements.

Les œufs contaminés présentent a priori des risques limités pour la santé du consommateur.

De rares lots contaminés retirés de la vente concentraient en un seul œuf des doses dépassant 0,54 mg de fipronil (le seuil pour une personne de 60 kilos calculé par l'UE) et l'immense majorité présentait des taux inférieurs.

Dès que la Belgique a donné l'alerte à ses partenaires européens, le 20 juillet, des dizaines de poulaillers ont été bloqués et des millions d'œufs ont été retirés des supermarchés à titre préventif ou parce que leurs taux dépassaient les seuils fixés par la réglementation.

En France, cinq entreprises spécialisées dans les produits dérivés ou transformés à base d'œufs ont reçu des lots contaminés et un élevage a été bloqué.

"La coopération doit mieux se passer à l'avenir", a tancé mercredi le ministre français de l'Agriculture Stéphane Travert, alors que son homologue belge Denis Ducarme venait d'accuser les Pays-Bas d'avoir traité avec légèreté une information anonyme reçue en novembre 2016 sur la présence de fipronil dans les élevages néerlandais.

La Haye a réfuté toute accusation de négligence, affirmant qu'il n'y avait alors aucune indication que le fipronil s'était retrouvé dans les œufs. Mais, a reconnu jeudi le gouvernement, "rétrospectivement" et "avec la connaissance d'aujourd'hui sur l'ampleur de l'utilisation et de la présence de fipronil dans les œufs", l'agence de sécurité alimentaire NVWA "aurait dû conseiller des mesures pour faire respecter la loi".

Les pertes pour le secteur se chiffrent déjà en dizaines de millions d'euros, alors que 160 exploitations sont encore bloquées aux Pays-Bas et 50 en Belgique.

Le 11/08/2017 à 10h03