Historique: Paris étouffe, la canicule à son paroxysme

En pleine canicule, des touristes tentent de se rafraîchir près du musée du Louvre, à Paris. 

En pleine canicule, des touristes tentent de se rafraîchir près du musée du Louvre, à Paris.  . DR

Nuit probablement la plus chaude jamais mesurée depuis la fin du XIXe, chaleur historique à Paris: au paroxysme de la canicule, la France étouffe littéralement ce jeudi sous des températures dépassant les 40°C; avant une "dégringolade" du mercure à partir de demain, vendredi, par l'Ouest.

Le 25/07/2019 à 13h46

Vingt départements allant du Nord à l'Ile-de-France sont en alerte rouge canicule, et 60 autres en vigilance orange, la chaleur n'épargnant que la pointe de la Bretagne et la Méditerranée.

Alors que le seuil des 40°C n'était dépassé en France que de façon très exceptionnelle il y a un demi-siècle, "on attend généralement plus de 40°C, avec des températures qui pourront ponctuellement atteindre les 43°C entre le nord de la Bourgogne et le sud de l'Ile-de-France", a précisé à l'AFP le prévisionniste de Météo France, Olivier Proust.

Après une nuit étouffante qui a probablement été la plus chaude de l'histoire (température minimale moyenne de 21,4°C qui ne pourra être confirmée qu'à la fin de la journée), la journée de jeudi pourrait être en moyenne plus chaude que les pires jours d'août 2003, même si on restera loin du record absolu qui date du précédent épisode de canicule de juin (46°C dans l'Hérault).

Dès le début de l'après-midi, Paris a battu son record absolu datant de plus de 70 ans (40,4°C en 1947), avec 41°C mesurés à 13H42, mais le mercure devait encore grimper d'ici la fin de la journée.

D'autres villes pourraient faire de même, notamment Lille, Rouen, Dijon ou Strasbourg.

L'alerte rouge canicule, le plus haut niveau, qui implique une "alerte sanitaire" pour tous les citoyens, a été utilisée pour la première fois en juin dans quatre départements du sud.

Mais "c'est la première fois que cela touche des départements du Nord de notre pays" avec des "populations qui ne sont pas habituées à des chaleurs de ce niveau-là", a souligné la ministre de la Santé Agnès Buzyn.

Si depuis la canicule de 2003, qui avait fait quelque 15.000 morts, les autorités insistaient surtout sur les risques pour les personnes vulnérables, notamment personnes âgées et enfants en bas âge, les mises en garde visent désormais toute la population.

Ces températures très élevées présentent "des risques importants pour les plus fragiles, mais aussi pour les personnes qui sont en bonne santé", a insisté ce jeudi le Premier ministre Edouard Philippe, en déplacement dans un centre de vacances.

Personne n'est ainsi l'abri d'une hyperthermie potentiellement mortelle lors d'un effort sportif, ou d'une noyade par hydrocution.

L'alerte rouge laisse notamment la possibilité aux préfets de prendre des mesures exceptionnelles liées notamment à l'organisation de rassemblements publics, notamment sportifs.

Face aux risques, la SNCF a de son côté invité ses clients à reporter ou annuler leurs déplacements vers ou depuis les 20 départements placés en vigilance rouge. Les autorités recommandent d'éviter les grands trajets en train ou en voiture.

Après ce jeudi exceptionnellement chaud, appelé à se répéter avec le changement climatique, la baisse des températures sera spectaculaire à partir de vendredi sur l'ouest du pays.

"S'il y a bien un jour où parler de dégringolade des températures, c'est là, avec une baisse des températures parfois de plus de 15°C dans une zone où il y aura une forte activité pluvieuse demain, comme la Normandie et les Pays de la Loire", a indiqué Olivier Proust.

La canicule persistera en revanche encore jusqu'à vendredi soir ou samedi matin dans l'Est. La fin de cet épisode, le deuxième en moins d'un mois, sera accompagné "d'orages localement forts et porteurs de grêle, vendredi sur l'ouest, et dans l'est samedi", a-t-il ajouté.

Cet épisode est accompagné d'habituels pics de pollution à l'ozone à Paris, en Rhône-Alpes ou en Alsace. La circulation différenciée a été activée dans plusieurs villes dont Paris, Lyon et Lille.

Cette chaleur va également aggraver l'assèchement des sols superficiels, alors que 77 départements sont désormais concernés par des restrictions d'eau en raison de la sécheresse liée à un "déficit de pluviométrie marqué" depuis un an dans de nombreuses régions.

"Il est important de prendre conscience que l'eau est un bien précieux", a déclaré la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne, dénonçant certains comportements de gaspillage comme le "street pooling" (l'ouverture des bouches incendie) qui aurait à Paris "fait perdre l'équivalent de deux piscines olympiques."

Les autorités avaient été vivement critiquées lors de la canicule de 2003 qui avait fait quelque 15.000 morts mais de nombreux ministres étaient sur le pont jeudi pour afficher la mobilisation du gouvernement. Comme la secrétaire d'Etat à la Transition écologique Brune Poirson qui a distribué des gourdes sur un marché du Tarn.

Le 25/07/2019 à 13h46