A deux semaines de l'élection présidentielle en Egypte, l'activité des médias fait l'objet d'une surveillance accrue de la part des autorités avec des arrestations de journalistes, des interviews scrutées et des sites internet bloqués. Le président Abdel Fattah al-Sissi a lui-même mis en garde les médias contre la publication d'informations jugées diffamatoires vis-à-vis de l'armée, en les qualifiant de "haute trahison" en pleine campagne antijihadistes dans le Sinaï (est).
En pleine campagne présidentielle, lancée le 24 février, avec un chef de l'Etat omniprésent et ne souffrant aucune concurrence véritable pour l'élection du 26 au 28 mars, l'étau semble se resserrer autour des médias. "Le Parquet égyptien a réservé des numéros de téléphone portable pour recevoir les plaintes via la messagerie instantanée Whatsapp et par SMS à condition que le nom du plaignant et ses données personnelles y soient précisés", selon un communiqué du Parquet.
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Cette initiative vise "les informations mensongères préméditées qui porteraient atteinte à la sécurité et à l'intérêt général du pays", selon le Parquet. Ex-chef de l'armée, al-Sissi a destitué le président islamiste Mohamed Morsi en juillet 2013 et a été élu un an plus tard président de la République. Depuis, son régime est régulièrement accusé de réprimer les voix dissidentes et de cibler la presse.
L'Egypte occupe la 161e place (sur 180 pays) au classement mondial 2017 de la liberté de la presse de Reporters sans frontières. Au moins 29 journalistes, professionnels ou non, sont emprisonnés dans le pays selon l'ONG. Les médias occidentaux sont, quant à eux, généralement accusés par les autorités de ternir l'image de l'Egypte à l'étranger.