De graves révélations sur la corruption et le clientélisme du général Gaïd Salah censurées

Gaïd Salah, chef d'état-major de l'ANP.

Gaïd Salah, chef d'état-major de l'ANP. . DR

Un long post sur la page Facebook de la chaîne «Asharq al-Awsat.TV», qui fait des révélations bien compromettantes pour le Général Ahmed Gaïd Salah, a été supprimé. Le360 reproduit ces révélations choc sur ce haut galonné qui veut se vendre comme "successeur du président Bouteflika".

Le 21/03/2019 à 20h06

On en sait un peu plus sur l’ubuesque vice-ministre algérien de la Défense et chef d'Etat-major, le Général Ahmed Gaïd Salah. Et les quatre vérités jetées à la face du Général (4 étoiles) ne se prêtent à aucune équivoque, pour la simple raison qu’elles émanent d'un officier algérien, Lieutenant Chafik, qui a eu l’audace peu ordinaire de crever l’abcès d’une institution militaire algérienne transformée en «ferme privée» par le préposé à sa gestion, le Général de corps d’armée Gaïd Salah.

Les révélations faites par ce brave officier sont si bien embarrassantes pour ce plus haut gradé de l’ANP, que ce dernier n’a eu d’autre recours que de faire grincer les ciseaux de la censure pour les supprimer à la source, sur la page Facebook du site de la chaîne «Asharq al-Awsat. TV».

Or voilà, il s’est trouvé que le post choc a «survécu» à la censure pour être reproduit par notre confrère «Al jazaïr.com» sous ce titre interrogateur: «A qui profite la censure du post au sujet de la corruption de l’institution militaire en Algérie ?». 

Lisons d'abord le texte retranscrit littéralement depuis sa source.

«Exclusif: Gaid Salah désavoué par ses troupes qui critiquent sa gestion mafieuse. La Grande muette est au bord de l’implosion.«Est-il raisonnable de miser sur le Général Ahmed Gaïd Salah, en le considérant comme le dernier rempart d’un président grabataire? Plusieurs officiers supérieurs de l’ANP sont loin d’être de cet avis? L’un d’eux a décidé de rompre avec témérité la loi de l’omerta qui caractérise la grande muette, pour révéler la vraie face de celui qui trône depuis 15 ans à la tête de l’armée, en cumulant depuis 2013 le poste clé de vice-ministre de la défense et qui pour une grande majorité de militaires, incarne le problème fondamental pour la stabilité de l’Algérie, et non la solution.

Usant d’un humour placide, le Lieutenant Chafikse demande d’emblée si l’Algérie est condamnée à être gouvernée par des gens malades et corrompus. «Le Général souffre de graves problèmes auditifs qui l’empêchent de capter la voix de plus en plus inaudible de Bouteflika. Il vient d’ailleurs de commander une audiprothèse aux frais de l’antenne militaire algérienne à Paris», affirme-t-il.

Mais, outre l’inaptitude physique du Général octogénaire connu pour avoir un goût prononcé du lucre, l’officier Chafik fustige surtout sa gestion de l’armée, en l’accusant d’en avoir fait sa ferme privée, au service exclusif des copains et des coquins. «Notre armée est ravagée par le clientélisme jusqu’au plus haut sommet de sa hiérarchie. Tous les galonnés surtout les attachés militaires à l’étranger, vous diront que pour être dans les bonnes grâces du Général, il faut savoir lui montrer patte-blanche en veillant à pointer assidûment au bureau de son directeur de cabinet, qui fonctionne à vrai dire, comme un rabatteur pour son maître».

«C’est aujourd’hui un secret de polichinelle que les gradés les plus choyés sont ceux qui offrent régulièrement à Gaïd Salah et à sa famille des habits de haute couture, des montres de luxe parfois serties de diamants, des bijoux de grandes marques et même du caviar», dixit ce lieutenant, qui est révulsé par le côté mesquin de son premier responsable.

Chafik en veut pour preuve les récentes instructions données par Gaïd Salah aux oeuvres sociales de l’armée de prendre en charge l’épouse de son fils Mourad, qui doit accoucher au cours de ce mois (mars 2019), à Paris, au moment où les responsables de l’état-major qui sont dans le collimateur du régime, sont systématiquement privés de leur droit à l’assistance médicale et sociale.

Il donne, à ce propos, l’exemple du Général Major Saïd Bey, ex-commandant de la 2ème Région militaire (Oran), limogé de ses fonctions l’année dernière (2018) dans le cadre d’une purge inédite, mais très sélective au sein de l’armée, qui s’est vu privé de toute assistance médicale en France, sur ordre express du vice-ministre de la défense, qui, par contre, n’a pas manqué d’instruire l’ambassade d’Algérie pour dérouler le tapis rouge à son mentor, le Général-Major à la retraite, Khaled Nizzar, venu à Paris pour contrôler un cancer à la vessie et les vestiges d’un AVC mal soigné, il y a quelques années.

Ce comportement abject de Gaïd Salah n’a d’égal que le mépris et la haine qu’il voue à tout galonné qui s’aventurerait à menacer sa position de «gardien du temple». Dès que le Général major à la retraite Ali Ghediri, qui détient des dossiers compromettants sur le fonctionnement occulte de l’ANP, a décidé de se porter candidat à l’élection présidentielle, avant son report, le vice-ministre de la défense a immédiatement entrepris de lui barrer la route à tout prix.

Des témoins ont même assisté stupéfaits à une scène burlesque qui s’est produite lors des funérailles en février dernier du General Major Abdelmalek Gueznaia. Ils ont entendu le Général Gaid Saleh ordonner au chauffeur d’un poids-lourd de bloquer le véhicule personnel de Ali Ghediri, afin d’empêcher ce dernier d’assister à l’inhumation du défunt.

Pour le Lieutenant Chafik, l’armée algérienne ressemble désormais à "un grand capharnaüm". Il est persuadé que l’incertitude politique que connait depuis près d’un mois le sommet de l’Etat, finira, très certainement, par déclencher une nuit des longs couteaux entre les dirigeants actuels de l’institution militaire, qui paniquent pour leur avenir, et les anciens cadors qui ont été dévissés de l’armée comme des malpropres et qui tiennent avidement à leur revanche.

C’est le cas de l’ex-DRS et ancien homme fort du système, le Général Mohamed Mediene dit «Taoufiq» et de l’ex-commandant de la 4ème région militaire, Abderrazak Cherif, impliqué en 2018 dans des affaires de corruption, qui s’appuient sur les réseaux d’opposants algériens à l’étranger, pour mener une intense cabale médiatique contre la direction de l’ANP, dont ils annoncent le chamboulement imminent. A ces deux caciques, vient s'ajouter le nouveau partant Othmane Tartag, qui refuse, à ce jour, de partir, tant qu'il n'en est pas notifié formellement.

Au moment où l’Algérie vient de vivre un quatrième vendredi de mobilisation populaire plus intense que les précédents, il parait de plus en plus vraisemblable, pour le Lieutenant Chafik, que l’armée connaitra elle aussi son «printemps», avec la mise à l’écart du Général Ahmed Gaid Salah. A cet effet, cet officier lance un appel pressant au peuple algérien pour s'assurer du bien-fondé des accusations qui ne cessent de foisonner sur le compte de ce chef d'état-major, désormais honni par ses troupes.

* Il s’agit d’un nom d’emprunt, mais prêt à être dévoilé, au vu de l'évolution de la situation en Algérie, car redoutant un énième tour de vis du Général.

Fin du texte récupéré à la source... Maintenant, que faut-il ajouter aux révélations faites par l'audacieux Lieutenant Chafik sur le premier responsable de l'ANP? Ce lieutenant a été on ne peut plus clair en pointant à bon droit la "gestion mafieuse" de l'institution militaire algérienne, et les conséquences de ce comportement indigne de celui qui est préposé à sa gestion mais qui en a fait une "ferme privée" au service de sa famille et ses proches, au mépris de l'ANP et du peuple algérien frère qui ne sait plus à quel saint se vouer. 

Face à ces révélations qui semblent crédibles, quelle réponse pouvait apporter le chef d'état-major de l'ANP? Aucune, sinon faire disparaître ce post au contenu bien gênant pour ses ambitions mal cachées. 

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Capture d'écran du post supprimé de la page facebook la chaîne «Asharq al-Awsat.TV»

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Capture d'écran du post supprimé de la page facebook la chaîne «Asharq al-Awsat.TV»

Par M'Hamed Hamrouch
Le 21/03/2019 à 20h06