Coronavirus: la France se prépare à un «scénario à l'italienne»

Une femme porte un masque de protection contre le Covid-19, au pied de la tour Eiffel, à Paris. 

Une femme porte un masque de protection contre le Covid-19, au pied de la tour Eiffel, à Paris.  . DR

Avec près de 2.300 cas de contamination au coronavirus et l'accélération de sa propagation dans le monde, la France prépare ce jeudi 12 mars 2020 de nouvelles parades, dans la perspective d'un "scénario à l'italienne".

Le 12/03/2020 à 15h40

Toute la matinée, le Premier ministre, Edouard Philippe, entouré de cinq ministres dont ceux de la Santé et de l'Intérieur, a reçu les présidents des Assemblées et des groupes parlementaires, ainsi que les chefs de partis et les présidents des associations d'élus. A leur sortie, les responsables de l'opposition ont réclamé des mesures sociales et économiques.

Le chef de l'Etat consacre de son côté "entièrement" sa journée à préparer son allocution télévisée de 20H00. Emmanuel Macron enchaîne les consultations avec les responsables de la lutte contre le virus dont le ministre de la Santé, Olivier Véran, et le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon.

Il s'agit de "faire le point sur l'état des lieux sur la base des études de modélisation de l'épidémie", selon l'Elysée.

Mercredi soir, Jérôme Salomon a prévenu que le virus circule "de plus en plus activement dans des territoires de plus en plus nombreux".

Le dernier comptage fait état de 2.281 cas, dont 105 grave et de 48 décès - soit 15 de plus en 24 heures et près de 500 nouvelles contaminations.

Cette accélération trahit les nombreuses incertitudes qui subsistent face à l'évolution de ce virus encore mal connu. Pour Jérôme Salomon, "le scénario italien, on doit s'y préparer" - avec plus de 800 morts, la péninsule a décrété un confinement général de la population.

Certains experts sont déjà alarmés: ainsi le Pr Eric Caumes, chef du service des maladies infectieuses à la Salpêtrière, juge "très probable" qu'un tel "scénario" se reproduise en France: "Moi je vous dis que demain, on sera dans la même situation" que l'Italie, a-t-il alerté sur LCI.

"Les {services de} réanimation se remplissent de manière extrêmement rapide (...) je vois ce qui se passe dans mon hôpital et c'est la même chose à Strasbourg, à Vannes... on sait qu'on en n'est qu'au début".

Le ministre de la Santé a assuré en retour que toute la stratégie du gouvernement consistait depuis le début à "préparer les hôpitaux pour éviter que {la situation} soient trop tendue": "Aucun signal de saturation d'un service de réanimation n'a été enregistré dans un hôpital français" a-t-il affirmé.

En plus des foyers déjà identifiés notamment dans le Morbihan, le Haut-Rhin, l'Oise ou la Corse, un nouveau point de contamination a été détecté dans l'agglomération de Montpellier.

Crèches et établissements scolaires de 16 communes de l'est de la ville étaient fermés et les rassemblements non essentiels de plus de 50 personnes également interdits.

A Paris, la faculté de Tolbiac, fréquentée par 10.000 étudiants et équipes du personnel administratif et du corps professoral, a été fermée ce jeudi matin après qu'un enseignant a été testé positif au coronavirus.

En Corse, tous les établissements scolaires garderont leurs portes closes jusqu'au 29 mars pour limiter la propagation du virus, qui touche 51 personnes sur l’île.

Un premier cas a été détecté en Polynésie française (la députée UDI Maina Sage), après la Réunion touchée à son tour mercredi.

La rapide propagation du virus laisse présager un passage à la vitesse supérieure, comme l'a indiqué le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui parle désormais d’une "pandémie". Avec ses conséquences économiques et sociales.

En France, après près de deux heures d'échanges, rassemblant les chefs de partis, les chefs des groupes parlementaires, et les présidents des deux chambres, les participants ont mis en garde contre les répercussions de la crise sanitaire et réclamé des mesures comme un "bouclier anti-crise", pour permettre aux entreprises et aux salariés de faire face.

Déjà 3.600 entreprises ont demandé à bénéficier de mesures de chômage partiel pour environ 60.000 salariés, selon la ministre du Travail Muriel Pénicaud. Le tourisme, la restauration, l'événementiel et les transports sont particulièrement touchés.

A Paris, la salle de l'Olympia, après bien d'autres, a annoncé ce jeudi sa fermeture jusqu'au 15 avril en raison de l'interdiction des rassemblements de plus de 1.000 personnes.

La ministre a également annoncé que les salariés transfrontaliers français travaillant en Allemagne, et priés de rester chez eux par leur employeur "seront intégralement payés" par leur entreprise.

La décision de Donald Trump, qui a suspendu pour une durée de trente jours tous les voyages depuis l'Europe vers les Etats-Unis à partir de demain, vendredi 13 mars, est aussi lourde de conséquences économiques, notamment pour le transport et le tourisme.

Les députés Les Républicains ont déposé une proposition de loi visant à "prévenir les difficultés de trésorerie des entreprises" et à "compenser les pertes d'exploitations" dans ces secteurs.

Le 12/03/2020 à 15h40