Le jeune Mohamed Hichem M., un Algérien de 24 ans, a passé sa première nuit en garde à vue, après son arrestation lundi matin à la sortie d'un bus dans le 7e arrondissement de Lyon. Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, le dit "assez peu loquace". Il ne serait en effet pas très coopératif, selon une source proche du dossier.
Lire aussi : France. Interpellation d'un homme soupçonné d'être «l’auteur» de l’attaque au colis piégé à Lyon
Un voisin de sa résidence d'Oullins, en proche banlieue lyonnaise, décrit au contraire un jeune homme "plutôt agréable serviable, toujours le sourire" qui "faisait du sport". Mais la plupart des autres habitants de sa "résidence des Ifs" ne voient pas du tout qui il est, avalisant la piste d'une personnalité très discrète. Voire "très renfermée", comme le décrit la source proche du dossier. "Tous les matins il partait soi-disant à son boulot ou autre. Mais on savait pas qu'il ne travaillait pas en fait", ajoute un voisin de pallier.
Mohamed Hichem M. est effectivement "sans activité". Il avait été d'abord présenté comme un "étudiant en informatique", mais l'école lyonnaise où il était supposé être inscrit a précisé qu'il n'avait jamais fait partie de l'établissement. "Il y a deux ans, il s'était "désinscrit" avant la rentrée suite au refus de la délivrance de son visa." "Il avait des visas de court séjour et il a fait ensuite une demande de visa étudiant pour rentrer dans une école. Il n'a pas eu de visa étudiant", confirme de son côté le ministre de l'Intérieur.
Lire aussi : Attentat de Paris: l'analyse du téléphone de Brahim Abdeslam intrigue les enquêteurs
Sur son profil LinkedIn, il se décrit comme "développeur", étudiant de l'université d'Oran Es-Sénia. Sur sa photo de profil, il apparaît très souriant, le visage juvénile, de fines lunettes et une barbe de trois jours. Malgré tous ces éléments, le mystère demeure sur ses motivations. Voulait-il tuer ? Est-ce la piste d'un radicalisé ? Pour Christophe Castaner en tous cas, il ne fait "pas de doute" qu'il s'agit bien du responsable de cette attaque qui a fait 13 blessés.
D'ailleurs, l'ADN retrouvée sur le sac en kraft dans lequel se trouvait le colis, semble bien aux premiers tests être la sienne même si des confirmations sont toujours en cours, ajoute la source proche du dossier. "Dès le début, il y avait un caractère étrange entre la disproportion d'un procédé technique très performant et un volume d'explosif très faible. Il y a de vraies incohérences dans ce dossier", a encore ajouté le ministre.
Lire aussi : 10 ans de prison pour le terroriste algérien interpellé au Maroc
L'enquête, menée tambour battant par 330 policiers, a permis à sa rapide arrestation, entre certainement désormais dans un temps plus long. L'explosion de ce colis piégé avait suscité une forte émotion à Lyon, épargnée jusqu'à présent par les attaques.
Vendredi vers 17H30, un jeune homme à vélo électrique, avec casquette et lunettes de soleil, avait déposé devant une croissanterie d'une rue piétonne un sac en papier contenant des vis, des billes de métal, des piles, ainsi qu'un circuit imprimé et un dispositif de déclenchement à distance.
Les enquêteurs ont pu suivre son itinéraire à vélo grâce au croisement de la vidéosurveillance des communes de Lyon et Oullins. L'exploitation de ses données téléphoniques et des achats effectués sur Internet a également permis de remonter jusqu'à lui.
A son interpellation lundi matin à la descente d'un bus par la Brigade de recherche et d'intervention (BRI) de la police judiciaire lyonnaise, il n'a pas opposé de résistance, levant les bras à l'approche des policiers. Très rapidement sa mère, son père et son frère ont aussi été arrêtés et placés en garde à vue. En parallèle, une longue perquisition a eu lieu dans le domicile familial d'Oullins.