Climat: un sommet pour ne pas "perdre la bataille" contre le réchauffement

Des terres asséchées au Maroc.

Des terres asséchées au Maroc. . AFP

"On est en train de perdre la bataille" contre le réchauffement climatique, a mis en garde mardi le président français Emmanuel Macron, appelant à la mobilisation lors d'un sommet où entreprises et institutions internationales ont promis de se détourner des énergies fossiles.

Le 13/12/2017 à 08h21

"L'urgence est devenue permanente et le défi de notre génération est d'agir, agir plus vite et gagner cette bataille contre le temps, cette bataille contre la fatalité, pour mettre en oeuvre des actions concrètes qui vont changer nos pays, nos sociétés, nos économies", a déclaré Emmanuel Macron devant une cinquantaine de chefs d'Etat et de gouvernement réunis à l'occasion du deuxième anniversaire de l'Accord de Paris sur le climat.

Le président français avait décidé d'organiser ce sommet après l'annonce par Donald Trump du retrait américain du pacte historique contre le réchauffement qui vise à contenir la hausse moyenne de la température sous le seuil critique de 2°C. Sur la base des engagements pris par les Etats, la planète se dirige toujours vers +3°C par rapport à l'ère pré-industrielle.

Mais réduire les émissions de gaz à effet de serre et respecter les objectifs de l'accord de Paris demandera des investissements massifs et des changements majeurs. En réponse aux appels à se désengager des énergies fossiles, la Banque mondiale a annoncé qu'elle arrêterait de financer après 2019 l'exploration et l'exploitation de pétrole et de gaz, sauf "circonstances exceptionnelles". "Il était temps pour nous de montrer l'exemple", a commenté le président de l'organisation Jim Yong Kim.

Si de plus en plus d'acteurs financiers affichent leur volonté de se désengager du charbon, énergie la plus polluante, la Banque mondiale est la première banque multilatérale à prendre un tel engagement dans ce secteur, qui représentait 5% des fonds qu'elle avait accordés en 2016. C'est "un vote de défiance accablant pour l'avenir de l'industrie des combustibles fossiles", a salué Gyorgy Dallos, de Greenpeace International.

Soutenir les énergies fossiles, c'est "investir dans notre perte", a également souligné le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, estimant lui aussi que la "guerre" contre le réchauffement n'était "pas gagnée".

Le président américain, qui n'était pas invité, a été la cible de critiques. Juste avant la réunion, Emmanuel Macron l'avait de nouveau interpellé, dans une interview à la chaîne américaine CBS, sur sa "responsabilité face à l'Histoire", tout en se disant "assez certain" qu'il allait "changer d'avis dans les mois ou les années à venir".

Au sommet, l'ancien secrétaire d'Etat John Kerry, n'a pas hésité à qualifier le retrait américain de "honte" et de "décision auto-destructrice prise dans un but politique".

Relever ou non le "défi" du changement climatique fera "la différence entre la vie ou la mort de millions de personnes vulnérables à travers le monde", a insisté de son côté le Premier ministre fidjien Frank Bainimarama, président de la 23e Conférence de l'ONU sur le climat (COP23).

Parmi les présents sur l'île Seguin, à l'ouest de Paris, le Mexicain Enrique Pena Nieto, la Britannique Theresa May, l'Espagnol Mariano Rajoy, des présidents africains et de petites îles. La Chine, l'Inde ou le Canada, grands émetteurs de gaz à effet de serre, n'étaient représentés qu'au niveau ministériel. Côté américain, l'ancien maire de New York Michael Bloomberg, le gouverneur de Californie Jerry Brown, son prédécesseur Arnold Schwarzenegger ou encore le milliardaire Bill Gates.

Les pays du Nord ont promis de porter à 100 milliards de dollars par an d'ici 2020 leurs financements climat aux pays du Sud, qui réclament des assurances sur cette promesse, en particulier pour pouvoir s'adapter aux impacts des dérèglements (digues, surélévation des habitats, systèmes d'alerte météo etc). Mais le sommet de mardi n'est pas une conférence des donateurs et s'est concentré sur des "solutions concrètes".

L'assureur Axa a ainsi annoncé un désengagement accéléré de l'industrie du charbon, une "importante étape" applaudie par les Amis de la Terre et l'ONG allemande Urgewald qui juge que le Français va "beaucoup plus loin que les autres investisseurs internationaux".

Un groupement de plus de 200 grands investisseurs a de son côté décidé de mettre la pression sur 100 entreprises parmi les plus émettrices de gaz à effet de serre, pour qu'elles adaptent leur modèle à la lutte contre le réchauffement.

Le 13/12/2017 à 08h21