Une première comparution du blogueur Merzoug Touati devant un juge d'instruction du tribunal de Béjaïa pour répondre de l'accusation d'"intelligence avec un pays étranger en échangeant des informations via Internet". Le blogueur, un jeune habitant de Béjaïa, théâtre de récentes grèves et violentes émeutes de la population kabyle contre la cure d'austérité prescrite dans la loi de finances de 2017, a été arrêté le 18 janvier par les services de sécurité.
Lire aussi : Algérie: comment une simple grève met à nu l'extrême fragilité de l'Etat
Une arrestation parmi tant d'autres ayant visé notamment les jeunes de la wilaya kabyle, sous différentes accusations, dont la plus saillante et néanmoins inénarrable est "l'intelligence avec des pays étrangers", entre autres le Maroc, la France et Israël, cités nommément par le ministre algérien de l'Habitat, de l'urbanisme et de la ville, Abdelajid Tebboune, pour ne citer que lui.
Lire aussi : Algérie-émeutes: les imams appelés à la rescousse face à la "fitna"
Cette accusation n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd, entendez les services algériens qui se sont vite rabattus sur la centrifugeuse des réseaux sociaux, ainsi que sur les blogs des activites de Béjaïa, notamment celui de Merzoug Touati, sur lequel ils ont en effet découvert un entretien réalisé par ce cyber-activiste avec un Israélien présenté comme étant un "diplomate israélien"!
Or, qu'a dit en effet le "diplomate israélien" au jeune blogueur kabyle? Il a simplement nié tout rôle de l'Etat d'Israël dans les événements de Béjaïa.
Rien que ça? Le "diplomate israélien" affirmait que l’Algérie disposait d’un «bureau de liaison israélien» avant les années 2000!! Une révélation qui n'était évidemment pas pour plaire à l'establishment algérien, dont les relations avec l'Etat israélien n'étaient un secret pour personne. Le "diplomate israélien" a simplement dit tout haut ce que tout le monde pensait tout bas.
Pourquoi l'establishment s'offusque-t-il de cette vérité dès lors qu'il entretenait, comme l'a bel et bien affirmé l'interlocuteur du blogueur kabyle, des "relations d'amitié" avec l'Etat israélien? Pourquoi accuse-t-il le cyber-activiste d'"intelligence avec Israël", alors qu'il a lui-même autorisé Israël à ouvrir un bureau de liaison à Alger? Au nom de quelle logique peut-il alors arrêter et emprisonner un cyber-militant qui n'a fait que dévoiler la vérité à l'opinion publique algérienne?
Venant d'un pouvoir algérien rompu au mensonge, à la manipulation et à l'intox, cela ne semble pas étonnant. Mais ce qui le serait en effet, c'est que ce même pouvoir veuille continuer à insulter l'intelligence du peuple algérien frère. Inadmissible.