Samedi 14 septembre, vers 4 heures du matin, l’Arabie saoudite s’est réveillée sur de violentes déflagrations sur deux de ses plus importants sites pétroliers, situés au sud de Dahran, sans même savoir si elles ont résulté d’un tir de missiles balistiques ou de drones.
Et pourtant, cette «mystérieuse» attaque prévisible n’a rien d’exceptionnel, en dehors de l’ampleur jusqu’ici inégalée des dégâts qu’elle a causés à l’usine d’Abqaïq, le plus grand site mondial de transformation de brut, «centre névralgique du système énergétique saoudien», et le champ d’hydrocarbures de Khurais, le deuxième plus vaste du pays.
Voici ce que cela a donné en chiffres: cette attaque a amputé de moitié la capacité de production d’Aramco, et réduit de 5% la production mondiale d’or noir! Le cours du baril, lui, a pris plus de 10 % ce lundi matin à la Bourse de Londres.
Des dégâts désastreux de par leur ampleur pour l’Arabie saoudite qui n’a rien vu venir!, malgré son budget Défense pharaonesque (3è plus grand au monde).
À l’heure où l’on met en ligne, les autorités saoudiennes peinent toujours à définir la provenance des "frappes de drones" (selon les rebelles houthtistes) ou de "missiles" (selon Washington). Un cafouillage total que seule cette vague sortie de MBS vient trahir: «Riyad est désireux et capable de faire face à cette agression terroriste», a tenté d'assurer le prince héritier Mohammed Ben Salman, tout en s’abstenant, pour l’instant du moins, d’incriminer la moindre partie.
Vous avez bien lu : «Ryiad est capable de faire face à cette agression terroriste». Or voilà, cette prétendue capacité dont excipe MBS n’est-elle pas battue en brèche par les frappes houthistes, armés et soutenus par les Mollahs iraniens? Pourquoi les sites pétroliers saoudiens demeurent-ils alors à la portée du moindre drone en provenance du Yémen, malgré l’intense campagne de bombardement que la coalition menée par l’Arabie saoudite poursuit, depuis mars 2015, contre les positions des milices chiites?
La réaction du prince héritier d’Arabie saoudite perd tout sens dès lors qu’elle est mise à l’épreuve des attaques houthistes, lesquels ont bel et bien réussi à mettre à nu l’extrême fragilité de Ryiad et, partant, de bien d’autres pays pétroliers surarmés mais dont la capacité à défendre leurs propres sites pétroliers, ou gaziers, a déjà montré ses limites. Et ce n’est surtout pas notre voisin de l'est qui dira le contraire.
Algérie: quand l'attaque d'In Amenas a mis en évidence la fragilité de "la 2è plus puissante armée d'Afrique"
Souvenez-vous: à l'aube du 16 janvier 2013, un groupe islamiste armé attaque un bus d'expatriés du site gazier, situé à Tiguentourine, à 40 km de la localité d'In Amenas, près de la frontière libyenne (sud-est). L'usine, située en plein désert, est exploitée par la compagnie pétrolière publique Sonatrach, le britannique BP et le norvégien Statoil.
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Les assaillants, à la solde du terroriste algérien Mokatar Belmokhtar, chef du groupe «les Signataires du sang», prennent en otages plusieurs centaines d'Algériens et d'étrangers. Un Britannique et un Algérien sont tués sur le champ. Des otages algériens sont peu après libérés par petits groupes.
Cette attaque, survenue six jours après l’intervention militaire française contre les islamistes au Mali, a démontré à la face du monde la fragilité de la pourtant «deuxième plus puissante armée en Afrique», après l’Égypte, en l’occurrence celle de l’Algérie, premier acheteur d’armes en Afrique et 25è plus grand budget défense à l’échelle mondiale.
Une supériorité que vient démentir encore une poignée de terroristes qui ont réussi à traverser, au nez et à la barbe des militaires algériens!, la pourtant très proche Libye, pour se glisser en Algérie et procéder à l'une des plus sanglantes prises d'otages: au moins 37 morts, dont bon nombre ont été victimes aussi des loupés de l'intervention des forces spéciales algériennes.
L'attaque contre l’Arabie Saoudie montre, si besoin est, que les pays trop dépendants des hydrocarbures sont des cibles faciles à neutraliser. En dépit de sa puissance militaire, Ryad a été incapable de protéger les sites les plus stratégiques de son économie et la source majeure de ses revenus.
L’Algérie, également très dépendante du gaz et du pétrole, se trouve dans une situation quasi-similaire. En cas de conflit armé, son arsenal militaire ne mettra pas à l’abri d’une mort subite les sites qui assurent la quasi-totalité des revenus de l’Etat.