Algérie. Gros détournements de fonds...à la Grande Mosquée d'Alger

DR

Censé initialement coûter 900 millions d'euros, le projet de la Grande Mosquée d'Alger devrait finalement atteindre quelque 2,5 milliards. De quoi faire réagir les spécialistes parmi lesquels certains soupçonnent d'importants détournements de fonds.

Le 23/07/2017 à 12h25

Le président Bouteflika voulait en faire une illustration de la «grandeur et la prospérité de son règne». Elle est finalement devenue une source infinie de polémiques sur la manière dont son régime gère les projets «structurants» et, surtout, les deniers publics. Le projet de la Grande Mosquée d’Alger constitue un véritable gouffre financier que certains n’hésitent plus à dénoncer. C’est le cas par exemple de l’architecte Halim Faïdi, cité par Algérie-focus, qui dévoile nombre d’anomalies dans ce méga-chantier.

S’interrogeant sur les véritables raisons du limogeage du directeur de l’Agence nationale algérienne de réalisation et de gestion de la Grande Mosquée, ce professionnel soupçonne d’importants détournements de fonds, et s’en explique.

Il démonte, dans un premier temps, un véritable stratagème dans la manière d’attribuer des marchés à un certain coût; coût qui par la suite va exploser. Ainsi, «On confie le marché au moins-disant pour 900 millions d’euros. Après avoir conclu le marché, on évoque un prétexte pour augmenter les prix», souligne-t-il. En l'occurrence, le prétexte concerne «le mauvais sol», qui a fait grimper la valeur de ce marché de 900 millions à pas moins de 1,5 milliard d’euros.

Et comme la formule semble bien fonctionner, un autre prétexte fera passer la facture à 2,2 milliards d’euros. Face au refus des assureurs de couvrir le projet de la Mosquée qu’ils comparent à la tour de Pise en Italie qui risque de s’effondrer, la solution «ingénieuse!» trouvée consiste à réduire sensiblement la taille du minaret, chose qui, au lieu de générer des économies, fait exploser le budget de 700 millions.

L’architecte s’interroge par ailleurs sur le marché de la décoration qui devrait coûter 400 millions d’euros. Selon lui, dans un projet de cette importance, la décoration n’est jamais dissociée du marché principal et son coût aurait dû, par conséquent, être inclus dans le budget initial.

Enfin, le spécialiste évoque une autre décision prise par les pouvoirs publics et qui semble suspecte. Il s’agit du renvoi d’un cabinet d’architecture allemand qui participait à la réalisation du projet, et ce, pour «incompétence». Pourtant, affirme Halim Faïdi, le cabinet en question est connu et reconnu mondialement pour la qualité de son expertise.

Par Khalil Ibrahimi
Le 23/07/2017 à 12h25