L’Algérie traverse une crise financière aiguë même si le pouvoir rechigne à le reconnaître explicitement. D’ailleurs, le pouvoir resté vacant à cause de la maladie du président dont on ignore s’il est toujours maître de ses décisions, laisse la porte ouverte à toutes les spéculations. En attendant, c’est le premier ministre Ahmed Ouyahia, par ailleurs homme de confiance du clan Bouteflika, qui a décidé de prendre le taureau par les cornes.
Dans un document publié, ce mercredi 27 décembre, par le site algérien tsa-algerie.com, Ouyahia donne ses instructions à ses ministres et à l’administration de réduire les dépenses de l’Etat. Il reproche d’abord aux ordonnateurs du budget d’équipement d’engager des dépenses superflues.
«Cette situation constitue une voie dangereusement ouverte à la dérive et aux dépassements dans la gestion des finances publiques. […] Intervenant en période de rareté de ressources, certains ordonnateurs se sont laissés aller à contrevenir à des décisions centrales de gels d’opérations, alors que d’autres se sont engagés dans des dépenses non couvertes par les crédits qui leurs sont notifiés», indique Ouyahia. Il avance que ces excès ont causé des préjudices à la trésorerie de l’Etat de l’ordre de 1000 milliards de dinars. Ahmed Ouyahia:
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Le premier ministre a reconnu que «L’Etat est en train de fonctionner grandement à crédit», exigeant des responsables une «rigoureuse discipline budgétaire». Pour ce faire, il a demandé aux ordonnateurs de «procéder à la hiérarchisation de leurs projets et à l’évaluation du montant prévisionnel des travaux ou prestations à exécuter durant l’année considérée».
Ahmed Ouyahia somme ses ministres et les walis «d’instruire, sous leur responsabilité personnelle, les ordonnateurs relevant de leur autorité hiérarchique de veiller au strict respect des dispositions législatives et réglementaires explicitées». En cas de violation de ces dispositions, il les incite à prendre des sanctions administratives.
C’est dire que la situation est préoccupante. Mais le plus curieux est que la lettre d’Ouyahia, dite instruction n°442 du Premier ministre, est datée du 27 novembre, mais elle vient à peine de fuiter dans la presse. Cela renseigne sur la politique de l’autruche pratiquée par le pouvoir.