Un nouveau rapport à charge contre le régime algérien, après la levée de boucliers internationale qu'il a suscitée suite à l'expulsion sommaire et massive de migrants subsahariens vers le Niger. Celui que vient de diffuser Reporters sans frontières, qui dénonce "la main invisible du pouvoir algérien sur les médias".
Dans ce rapport, diffusé au lendemain du décès tragique du journaliste algérien Mohamed Tamalt, suite à une grève de la faim de six mois, en protestation contre son emprionnement pour offense présumée au président Abdelaziz Bouteflika, RSF dénonce les pratiques liberticides du pouvoir en place à l'encontre des "historiens de l'instant".
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"Le combat pour une presse libre est plus que jamais d'actualité en Algérie face à la liste des sujets tabous (la santé du chef de l’Etat, les avoirs des dirigeants algériens, la corruption, etc.), l’emprisonnement de journalistes professionnels et non professionnels sur la base du code pénal, le contrôle maintenu sur le champ de l’audiovisuel, l’étranglement économique des titres indépendants et l’émergence de fonds occultes finançant les médias", lit-on dans le résumé du rapport. Rapport dont les auteurs redoutent de voir la situation "s’aggraver" à l’approche des élections législatives algériennes qui se dérouleront en avril 2017.
"Aujourd’hui, nous constatons que sous couvert de pluralisme se cachent des pratiques autoritaires nuisibles à l’indépendance journalistique. Jusqu’où iront les autorités algériennes pour étouffer la presse et ceux qui la défendent ? N’est-ce pas scandaleux qu’en 2016, un journaliste soit mort en détention après un coma de trois mois dans l’indifférence totale de l’administration pénitentiaire ?", s'indigne Reporters sans frontières.
Et d'ajouter: "Mehdi Benaissa et Ryad Hartouf ont eux été détenus arbitrairement pendant plus de 20 jours en juin dernier; Hassan Bouras, journaliste indépendant et lanceur d’alerte est lui toujours en détention.”
Evoquant le recours aux peines privatives de liberté à l'encontre des journalistes algériens, RSF recommande aux responsables algériens de «cesser de recourir au code pénal, à la détention arbitraire et à des procédures administratives abusives pour interdire et criminaliser la liberté d’information et le journalisme indépendant».
Une recommandation qui, à l'instar des appels insistants des autres ONG internationales, restera à coup sûr inaudible, la liberté d'information et d'opinion étant malvenue dans ce pays qui continue d'être dirigé d'une poigne de fer par la dictature militaire.