Les écrivaines Leila Slimani et Sonia Terrab sont à l'origine d'une tribune lancée depuis le Maroc et publiée dans plusieurs médias, dont le quotidien "Le Monde", suivie d’une pétition exclusivement signée par des citoyens marocains, femmes et hommes.
Ils et elles sont ainsi 470 à avoir donné leur consentement pour que leur prénom et nom figurent sur une liste parue, d'abord, sur la version en ligne du Monde. Ils et elles se disent «hors-la-loi», le clament, et s’insurgent en réaction «au récent durcissement de la répression sexuelle dans leur pays».
Le texte a été écrit par les écrivaines Leïla Slimani, lauréate du prix Goncourt en 2016 pour son second roman, «Chanson douce», et Sonia Terrab, également réalisatrice.
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«Nous, citoyennes et citoyens marocains, déclarons que nous sommes hors la loi. Nous violons des lois injustes, obsolètes, qui n’ont plus lieu d’être. Nous avons eu des relations sexuelles hors mariage. Nous avons subi, pratiqué ou été complices d’un avortement. Nous avons appris à feindre, à composer, à faire semblant», affirment les signataires.
Ces 470 citoyennes et citoyens sont pour la plupart célèbres et reconnus, tant dans leur pays qu’à l’étranger. On peut relever, en parcourant cette liste, véritable Who’s who, des noms comme le réalisateur Kamal Hachkar, les actrices Latefa Ahrrare et Amal Atrache, le publicitaire Noureddine Ayouch, les écrivains Yasmine Chami et Driss C. Jaydane, la polémiste, «femme la plus protégée de France», Zineb El Rhazoui, la sociologue Soumaya Naâmane Guessous, le réalisateur Hicham Hajji, mais aussi Tahar Ben Jelloun, écrivain et chroniqueur (entre autres pour Le360).
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«Je ne veux plus avoir honte», clament Sonia Terrab et Leïla Slimani, qui égrènent ces chiffres glaçants: «en 2018, au Maroc, 14.503 personnes ont été poursuivies au regard de l’article 490 du code pénal, qui punit de prison les relations sexuelles hors des liens du mariage. 3.048 personnes ont été incarcérées pour adultère», puis de s’indigner: «chaque jour, dans notre pays, entre 600 et 800 avortements clandestins sont pratiqués. Faut-il mettre toutes ces personnes en prison? Leurs « complices » (médecins, militants associatifs) aussi?»
Et les deux écrivaines de poursuivre : «nous croyons que la société marocaine est mûre pour le changement et pour que soient enfin entérinés le respect de la vie privée et le droit de chacun à disposer de son corps».
Sonia Terrab et Leïla Slimani appellent en conséquence, depuis Paris, «nos gouvernants, nos décideurs, nos législateurs, à faire preuve de courage, à faire ce pas en avant, en engageant un débat national sur les libertés individuelles». «Ce n’est pas un luxe, ce n’est pas une faveur, c’est une nécessité», lit-on.