CSCA: suspension de l'émission "Bismilah Ourakik" pour...risque sur la santé

Le siège de la HACA, à Rabat. 

Le siège de la HACA, à Rabat.  . DR

Le Conseil supérieur de la communication audiovisuelle (CSCA) a suspendu la diffusion de l'émission "Bismilah Ourakik" par le réseau de services radiophoniques "MFM", durant une semaine à compter de la date de notification, pour non respect des règles encadrant les émissions de santé.

Le 02/06/2019 à 10h50

Dans une décision publiée le 23 mai, le CSCA a suspendu la diffusion de l'émission "Bismilah Ourakik" par le réseau de services radiophoniques "MFM", durant son horaire habituel pour une semaine et ce, pour non respect par la société "MFM Radio TV" des dispositions légales et réglementaires en vigueur, notamment celles relatives aux règles encadrant les émissions de santé, indique le Conseil dans un communiqué.

Le CSCA ordonne, de ce fait, la Société "MFM Radio TV" de "prendre les dispositions nécessaires pour l’exécution de cette décision", poursuit la même source.

Le Conseil a pris cette décision suite à une plainte de la Fédération marocaine des droits du consommateur et après avoir pris connaissance du rapport d'instruction effectué par la direction générale de la communication audiovisuelle au sujet des éditions du 5, du 12 et du 14 mars 2019 de l'émission "Bismilah Ourakik", apprend-on de la décision.

Le CSCA ordonne également à la société "MFM Radio TV" de diffuser le communiqué de suspension, pendant la période de sanction, à l'heure habituelle du début de la diffusion de l'émission en question, relève le communiqué. Au cours des éditions du 5, du 12 et du 14 mars 2019 de l'émission, l'invité a diagnostiqué certaines situations et a proposé des solutions thérapeutiques sous formes de recettes composées d'herbes et d'eau de "Roqya", soutient le document, notant que l'invité a violé, sans intervention de l'animateur, les règles régissant les émissions de santé ainsi que l'exigence de maîtrise d'antenne.

Les éditions en question soulèvent des griefs qui se rapportent notamment à la présentation élogieuse et à connotation morale de l'invité par l'animateur, la suggestion de solutions thérapeutiques, prétendument "efficaces", pour la guérison de certains symptômes et maladies et la diffusion de témoignage, par SMS et par appels téléphoniques, qui ont dans leur globalité fait état de succès thérapeutiques; ce qui pourra amener une partie du public à "normaliser" avec ces pratiques et traitements supposés, voire même délaisser ou négliger le suivi médical, note le communiqué.

"Tout ceci rend le contenu précité susceptible dans sa globalité, d'inciter, même implicitement, une partie du public, à des pratiques préjudiciables à leur santé. Et ce sans aucune réserve, voire sous les encouragements de l'animateur, en violation de l'exigence en matière de maîtrise d'antenne, mettant ainsi l'émission en non conformité avec les dispositions légales et réglementaires en vigueur, notamment celles relatives aux émissions de la santé", souligne le Conseil.

La décision rappelle que la plainte de la Fédération stipule que certaines émissions de services radiophoniques privés font louanges du charlatanisme, en particulier le style et la méthodologie employés pour présenter l'émission "Bismilah Ourakik", qui exploite, d'après la plainte, l'ignorance et la faiblesse de certains consommateurs, ce qui pourrait porté préjudice à leurs intérêts pécuniaires et la sécurité de leur santé.

Le Conseil cite également l'article 3 de la décision du CSCA n 14-17 portant adoption d'une recommandation relative aux programmes traitant de la santé dans les services audiovisuels, qui dispose que "les opérateurs audiovisuels veillent dans leurs programmes relatifs à la santé:(...)- à ce que les intervenants respectent leur domaine de spécialisation.(...)." L'article 6 de la même recommandation stipule que" (...) les opérateurs audiovisuels veillent dans leurs programmes traitant de la santé: (...)- à ce que les intervenants dans ces émissions n'établissent pas de diagnostics relatifs à l'état de santé des auditeurs qui les appellent pour demander conseil.(...)"

Par ailleurs, l'article 7 prévoit que "(...) les opérateurs audiovisuels veillent dans leurs programmes traitant de la santé: (...)- à ce que les intervenants dans ces émissions ne prescrivent pas de traitements aux auditeurs mais les incitent à solliciter l'avis d'un spécialiste.(...)"

Selon la même source, le Conseil avait précédemment adressé une mise en garde, en date du 9 janvier 2019, à la Société "MFM Radio TV" concernant la même émission pour des précédents similaires.

La décision a été délibérée par le CSCA lors de sa séance du 23 mai 2019, en présence de la présidente, Latifa Akharbach, et des membres Narjiss Rerhaye, Jaafar Kansoussi, Ali Bakkali Hassani, Abdelkader Chaui Ludie, Fatima Baroudi, Khalil El Alami Idrissi, Badia Erradi et Mohamed El Maazouz.

Le 02/06/2019 à 10h50