Il y a quelques jours, la jeune militante écolo’ Greta Thunberg annonçait sa participation à un sommet sur le climat aux Etats-Unis et prenait tout le monde de court en déclarant qu’elle s’y rendrait en bateau zéro carbone. Un moyen de transport beaucoup plus écologique que l’avion, bien que moins rapide. Mais pour préserver l’environnement et réduire son empreinte carbone, il est indispensable de revoir sa conception du temps.
L’éloge de la lenteur…Pour les non-initiés, le slow travel fait partie intégrante du slow movement, un mouvement qui a pour but d’instaurer un changement culturel de masse afin de réduire le rythme de plus en plus rapide de nos sociétés modernes et diminuer non seulement notre dose de stress quotidienne, mais aussi préserver l’environnement.
Né dans les années 80, le slow movement se décline en différentes variantes: le slow food s’oppose ainsi au fast food tandis que les slow cities font la promotion des traditions locales ainsi que de l'hospitalité, valeurs qui ont tendance à tomber dans l’oubli au sein des métropoles.
Apparu en 2008 suite à la crise financière, le slow money favorise quant à lui les investissements dans de petites entreprises alimentaires.
Vient ensuite, la slow attitude, variante qui invite tout un chacun à se recentrer sur soi en adoptant une vie ponctuée de moments de détente et de loisirs, et qui a notamment vu naître les concepts de bars à sieste en occident.
Enfin, le slow travel est pour ainsi dire un mix de tout cela. A l’heure de faire ses bagages pour découvrir de nouveaux horizons le moment des vacances venu, on tourne le dos à l’hyper connexion, la surconsommation, les excès, en bref, les travers de la vie moderne, pour renouer avec une vie bien plus authentique.
Au Maroc, le slow travel connaît un engouement certain. Résolument tourné vers les énergies vertes, la préservation de l’eau et le passage à l’énergie solaire, le pays a, depuis quelques années, vu l’apparition de nouveaux concepts touristiques, urbanistiques, ou encore de nouveaux moyens de consommation et de transport qui favorisent le développement du slow travel.
Le nouveau visage du tourisme durableLa clé du slow travel est l’intégration du voyageur au sein d’une communauté. Exit les vacances impersonnelles que l’on passe dans un hôtel aseptisé, dans le cadre d'un voyage organisé, et bienvenue dans un monde où le partage et l’hospitalité deviennent des maîtres-mots.
Un concept qui peut paraître naïf et inconscient dans une société moderne de plus en plus méfiante mais qui pourtant remporte de nombreux suffrages. Ainsi, les sites et applications d’échanges ou de locations de maisons ou encore de couch surfing (prêt de canapé) ont le vent en poupe au Maroc et proposent même dans certains cas d’échanger des bons plans entre membres: partager un thé à Marrakech, organiser un covoiturage d’une ville à l’autre ou improviser une visite culturelle.
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Grâce au web, on renoue ainsi avec une tradition ancestrale marocaine qui consiste à loger chez l’habitant. Si la chose s’avère ardue dans les grandes villes comme Casablanca, c’est encore le meilleur moyen de découvrir des endroits reculés du Maroc et d’intégrer les coutumes locales. Toutefois, la technologie faisant décidemment des miracles, il existe désormais des sites permettant de mettre en relation le voyageur et les familles d’accueil.
Mention spéciale également pour le woofing, ce réseau international de fermes dédiées à l’agriculture biologique et qui propose au voyageurs l’hébergement et les repas en contrepartie de travaux agricoles. Cet échange de bons procédés, également en cours de développement au Maroc, est un formidable moyen d’aller à la rencontre des locaux et d’apporter sa pierre à l’édifice en favorisant la mise en oeuvre de l’agriculture biologique.
Outre cette connexion directe à l’habitant, de nombreux établissements touristiques s’inscrivent également dans ce mouvement en en privilégiant l’aspect écologique. Le tourisme éco responsable perpétué par les écolodges s’inscrit donc à la perfection dans la mouvance du slow travel.
Du nord au sud du royaume, dans ces hôtels d’un nouveau genre qui s’inspirent des constructions ancestrales du Maroc, on mêle l’authenticité des traditions au confort moderne mais toutefois respectueux de l’environnement. On y réapprend que l’eau est un bien précieux, que le soleil est la principale source d’énergie et que la terre peut pourvoir à l’ensemble de nos besoins grâce aux potagers et aux fermes qu’incluent en leur enceinte la plupart des écolodges du Maroc.
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Outre l’hébergement gratuit ou peu cher que proposent ces différentes formules, le voyageur éco-responsable fera ses courses au marché du coin, découvrant par la même occasion le savoir-faire local, et cuisinera à domicile des produits du terroir à moins qu’il ne choisisse de s’attabler dans une cantine pur jus.
La réhabilitation en cours des anciennes médinas dans différentes villes du royaumes, à l’instar de Fès, Meknès et de Rabat, permettra de pourvoir au besoin de ce types de voyageurs pour qui le tourisme et les découvertes commencent en bas de chez soi. Et quel plus beau et plus riche site culturel qu’une medina avec son lot de commerces, d’échoppes d’artisans, de sites historiques… Le tout à découvrir à pied, le moyen de transport privilégié du slow travel.
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En effet, le moyen de transport choisi y sera pour beaucoup dans l’application des fondements du slow travel. Le Maroc, qui s’applique à mettre en œuvre les fondements de «la mobilité verte» depuis la tenue de la COP22 en novembre 2016 compte aujourd’hui de nombreuses initiatives écolo avec le lancement des bus électriques, des tramways, d’une ligne à grande vitesse, des vélos à louer…
Alors que le jour du dépassement intervient chaque année de plus en plus tôt, revoir nos habitudes de consommation et de déplacement relève désormais de l’urgence absolue. Ralentir pour mieux vivre et surtout, pour vivre plus longtemps… un nouveau credo qu’on adopte sans l’ombre d’une hésitation.