Ce que la langue française doit à l’arabe? Presque tout!

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Ce mardi 18 décembre, le monde célèbre la journée internationale de la langue arabe. Une belle occasion de redorer le blason d’une culture un peu trop malmenée et dont on a tendance à oublier la forte influence sur le monde.

Le 18/12/2018 à 11h16

Pour qui s’intéresse à l’étymologie, à l'origine des mots, une lecture s’impose, "Nos Ancêtres les Arabes: ce que notre langue leur doit", du lexicographe Jean Pruvost.

Cet ouvrage très riche a le mérite de rendre à César ce qui est à César et de réapprendre aux Français leur histoire. Et pour cause, les mots d’origine arabe dans la langue française arrivent ainsi en 3e position après ceux empruntés à l'anglais et à l’italien.

Le lexique de l’alimentation en foisonne. Pastèque, artichauts, aubergines, épinards, estragon, cumin, jasmin, riz, abricotier, tamarin mousseline, sorbet, sirop, limonade, orangeade, café, sucre, alcool sont autant de mots arabes ayant intégrés la langue française depuis si longtemps que l’on en oublie leur origine.

Même son de cloche du côté de la mode qui emprunte son vocabulaire à l’arabe avec des mots tels que jupe, coton, gilet, satin, caban, gabardine, gaze, mousseline…

Bien entendu, les sciences, autrefois domaine de prédilection des savants arabes, portent encore les traces de leur influence avec les mots algèbre, algorithmes ou encore chiffres.

Mais l’influence de la civilisation arabe au cours du Moyen Age sur les peuples qualifiés de "barbares" par les Romains, dont les Gaulois qui peuplaient la Gaule, ne s’arrête pas là et couvre aussi le champ lexical de la flore, la faune, la parfumerie, les pierres précieuses, les bijoux, l’habitat, les transports, la guerre, les couleurs, les festivités, la musique, la marine, la chimie, les lettres, les arts, les religions, etc. 

"Y aurait-il un domaine non investi?", s'interroge RFI… "Aucun, à part l'informatique, peut-être; et, encore, arobase vient de l'arabe, tout comme le chiffre zéro, symbolique de l'intégration réussie de l'arabe dans la langue française", explique l'auteur.

Du point de vue de Ernest Lavisse, historien français et fondateur de l’histoire positiviste, outre une grande partie des mots de la langue française, la France doit aussi à la civilisation arabe d’avoir pénétré plus tôt que prévu dans l’ère de la Renaissance.

Et l’auteur de souligner les incohérences de cette histoire avec laquelle on joue, que l’on dépouille de sa vérité pour mieux se l’approprier: «on ne sera donc pas surpris, compte tenu des rapports établis entre la France et le monde arabe, tout au long des siècles, que notre langue ait bénéficié de bon nombre de mots issus de cette dernière. On pourra en revanche être étonné d’avoir fait répéter aux élèves de nos anciennes colonies d’Afrique du Nord, imprégnés par la civilisation arabe: "nos ancêtres, les Gaulois…" Ils n’avaient assurément pas à avoir honte de leurs "ancêtres arabes"!»

Par Zineb Ibnouzahir
Le 18/12/2018 à 11h16