100% épilée, bisexuelle et surtout pas féministe: voici la femme parfaite selon les fans de pornographie

Shy, la femme parfaite

Shy, la femme parfaite . DR

En juin dernier, le site porno xHamster a sondé 50.000 de ses adeptes, issus de 150 pays, afin de connaitre leur idéal féminin. Au vu des résultats, autant dire que les clichés sexistes ont la peau dure lorsqu'il s’agit de perfection.

Le 10/07/2019 à 14h07

A quoi ressemble la femme parfaite pour les amateurs de porno? Celle-ci a environ 25 ans, elle s’appelle "Shy", soit "timide" en français, et, a contrario, elle est hypersexualisée, bisexuelle de préférence. Bouche pulpeuse, nez fins, yeux bleus, courbes généreuses, intégralement épilée, elle porte aussi une longue chevelure et elle ne doit surtout pas, mais alors surtout pas, être féministe.

La perfection féminine est donc intrinsèquement liée à la complexité de sa sexualité, car dans cet imaginaire masculin, la bisexualité est liée à l’hypersexualité.

Loin d’incarner pour autant une femme sexuellement libérée, la femme bisexuelle est ici conçue comme une "femme-objet" répondant aux fantasmes masculins lorsque l’homme envisage un "plan à trois", ou triolisme. Comprenez par là deux femmes pour un un homme, et surtout pas l’inverse.

Parmi les personnes sondées, 40% souhaitent ainsi que cette femme soit bisexuelle.

Autre fantasme, d’ordre racial cette fois-ci, avec un engouement certain pour la mixité. Grande gagnante de ce sondage très en bas de la ceinture: la femme eurasienne, blanche avec une touche d’exotisme, et bien entendu, aussi timide et donc soumise que le sont les femmes asiatiques dans l’imaginaire collectif. D’où son surnom, "Shy".

Enfin, pour atteindre la perfection, cette femme ne doit pas être féministe et cela vaut pour 60% des sondés.

Dans la notion de féminisme, on touche ici du doigt le concept d’égalité des sexes, notion qui n’est visiblement pas de l’ordre du fantasme masculin.

Un raisonnement que conteste toutefois formellement, sur son compte Instagram, ladite Shy. Cette star du porno communique régulièrement sur ce réseau social, où elle compte 4872 abonnés.

Si la presse et les militantes féministes l’accusent d’être un pur produit du fantasme des hommes hétérosexuels, la demoiselle, qui pense et donc qui est, se défend avec virulence parce que oui, elle a des opinions.

Shy s’est ainsi fendue d’un long pamphlet, "Mon Manifeste Bi Pride", où elle répond à ses détracteurs.

"(...) Je suis toujours sous le choc en entendant les journalistes et les commentateurs en ligne supposer que ma bisexualité est le produit d'un fantasme masculin régressif. A ceux qui me désignent de la sorte: vous devriez avoir honte de vous-même" s'insurge-t-elle.

Et d'accuser avec véhémence ceux qui la critiquent: "vous, comme tant de biphobes et d'anti-féministes avant vous, supposez que les bisexuels ne sont qu'une génération du fantasme masculin".

Shy met ensuite les choses au clair, afin d'éliminer toute ombre d'un doute au sujet de ses origines. "Laisse-moi te dire qui m'a faite bisexuelle: les autres bisexuels. Près du quart du public xHamster s'identifie comme bisexuel. Cinq autres pour cent s'identifient comme gays ou lesbiennes. Cinq autres pour cent refusent totalement les étiquettes. Les hétérosexuels constituent peut-être la majorité des utilisateurs de xHamster, mais le public qui m'a créé est à peu près cinq fois plus étrange que la population en général. Et laissez-moi également mentionner que près du tiers de notre auditoire est constitué de femmes."⠀Et de conclure, "donc, si certains hommes hétérosexuels ont fait de moi leur fantasme, les femmes hétérosexuelles aussi. Et ainsi que les hommes et les femmes bisexuels. Et les gays et lesbiennes et les hommes et les femmes trans et les non-binaires et les pansexuels. J'ai peut-être été créée en tant que femme bisexuelle, mais les personnes qui m'ont fabriqué de cette façon ne sont pas le produit d'un fantasme masculin fébrile. C’est votre hypothèse régressive". Et toc! Shy, comme son nom l'indique, est peut-être timide, mais elle n'a pas la langue dans sa poche, sans mauvais jeu de mot.

Par Zineb Ibnouzahir
Le 10/07/2019 à 14h07