Vers un nouveau bras de fer entre la RAM et ses pilotes

Un appareil 787 Dreamliner de Boeing, affrété par Royal Air Maroc. 

Un appareil 787 Dreamliner de Boeing, affrété par Royal Air Maroc.  . DR

Les pilotes de la Royal Air Maroc viennent de soumettre à la compagnie de nouvelles revendications salariales qui seront difficiles à accepter. Une nouvelle polémique est née. Les explications.

Le 06/02/2018 à 11h13

Se dirige-t-on vers un nouveau bras de fer entre la Royal Air Maroc et ses pilotes? Selon des sources bien informées, les pilotes de la compagnie nationale viennent de soumettre de nouvelles revendications sociales auxquelles il apparaît difficile de répondre favorablement.

Dans le cadre de la négociation d’une revalorisation salariale, l’Association marocaine des pilotes de ligne (AMPL) exige de la compagnie une augmentation à hauteur de 30.000 dirhams par mois pour les commandants de bord et de 15.000 dirhams pour les copilotes. Leurs salaires respectifs actuels avoisinent les 150.000 dirhams et 100.000 dirhams par mois.

La «proposition» de l’AMPL consiste à appliquer, dans un premier temps, des revalorisations respectives de 15.000 dirhams et 10.000 dirhams avec effet rétroactif depuis janvier 2018, et de rééchelonner le reste sur une période de quatre ans.

Pour les pilotes des long-courriers, un bonus de 15% est également réclamé.

Une fois ce cycle des revalorisations achevé, soit en janvier 2022, l’AMPL souhaiterait que la RAM ouvre de nouvelles négociations pour d’autres augmentations salariales.

En contrepartie, l’AMPL s’engage à respecter «une paix sociale» durant les quatre années du cycle de revalorisation, en n’exprimant aucune revendication à caractère financier, mais en laissant ouverte la porte pour des doléances d’autres natures.

Selon nos sources, si la compagnie devait se soumettre à ces exigences, cela lui coûterait jusqu’à 180 millions de dirhams de charges supplémentaires chaque année, incluant les montants des augmentations ainsi que l’impact que cela aura sur les charges patronales. Un tel surcoût, pour une compagnie qui était déficitaire jusqu’à il y a quelques années, pourrait lui être fatal. D’autant que cela interviendrait dans un contexte où la RAM est engagée dans un important programme d’investissement, notamment pour le renforcement de sa flotte. Récemment, elle a commandé quatre nouveaux Dreamliner et quatre B737 de dernière génération.

Ceci, sans parler de l’impact d'une telle décision sur les autres catégories de salariés de la RAM qui, en prenant connaissance des revalorisations des salaires des pilotes, pourraient être tentées d'enclencher des mouvements sociaux pour réclamer pareil traitement.

C’est dire la complexité de ce dossier pour la compagnie nationale. Et connaissant la force de frappe des pilotes quand il s’agit de défendre leurs revendications, le débat promet d'ores et déjà d'être houleux les semaines à venir.

Par Younès Tantaoui
Le 06/02/2018 à 11h13