«Historiquement, l'amont textile ne s'est développé que dans les pays où il y a eu un investissement massif des pouvoirs publics». Les propos sont de Karim Tazi, président de l'Association marocaine des industries du textile et de l'habillement (AMITH), qui a accordé un entretien au quotidien Aujourd'hui le Maroc, publié dans sa livraison du 18 septembre.
Selon lui, l'investissement dans l'amont reste très capitalistique et très vorace en énergie et en foncier. Les pays dont les coûts de facteurs, en plus de l'amortissement, sont élevés, ont peu de chance de développer leur secteur en amont ou de capter des investisseurs internationaux. L'autre variable primordiale est le taux d'utilisation des capacités. Un pays comme le Maroc, qui utilise 60 à 65% de ses capacités d'amont, a très peu de chances d'être compétitif face à ceux qui tournent à plein régime.
Pour Karim Tazi, si l'on s'accorde aujourd'hui sur les vertus d'avoir un amont national au vu de ses effets bénéfiques sur l'ensemble des écosystèmes textiles, l'unique moyen de le développer est tributaire de la volonté des pouvoirs publics d'amorcer sa création et d'accompagner son développement. Et cela pourrait ouvrir de nouveaux marchés au textile marocain.
En effet, pour bénéficier de l'exonération des droits de douane sur le marché américain, avec lequel nous sommes liés par un accord de libre échange, un produit fini marocain doit être fabriqué à partir de fil marocain, subir un tissage au Maroc et être confectionné sur place. Sur les marchés de l'Union européenne, où les règles d'origine sont très contraignantes pour nos exportateurs, ils ne sont soumis qu'à la double transformation. C'est dire toute l'ampleur de la difficulté. La seule alternative est donc de développer au Maroc des unités en amont, ainsi qu'un nouveau types d'acteurs. Les locomotives grande vitesse constituent véritablement le maillon manquant de la chaîne, avec les distributeurs.