Taux de change réel, taux d’équilibre, régime de changes fixes, régime de changes flottant… On s’y perd !
Dans les manuels d’économie, on apprend que le taux de change, qui mesure le prix des devises en monnaie nationale, résulte de la confrontation de l’offre et de la demande de devises sur le marché des changes. La Banque centrale peut intervenir activement sur ce marché pour maintenir l’équilibre entre l’offre et la demande (régime de changes fixe) ou pour guider l’évolution du taux de change (flottement géré). Elle peut aussi laisser au marché le soin de déterminer la parité (régime des changes flottants).
Bien entendu, l’offre de devises émane des exportateurs qui rapatrient le fruit de leurs ventes et des entrées de capitaux (investissements directs et placements étrangers). La demande, elle, provient des besoins de devises des importateurs pour payer leurs achats et des sorties de capitaux.
Trois régimes de change
Depuis 1999, le FMI distingue huit principaux régimes de changes. Mais en gros, on distingue trois catégories: change fixe, régimes intermédiaires et change flottant.
Dans le premier cas (ancrage fixe à une monnaie ou un panier de monnaies), le taux de change est stable, l’incertitude est éliminée quant à l’inflation. Alors que dans le régime de change flexible (dit système de flottement indépendant), les autorités laissent le taux se déterminer librement en fonction de l’offre et de la demande sur le marché des changes et la Banque centrale n’a pas le droit d’intervenir en matière de change.
Dans ce cas de figure, un pays en développement très ouvert sur l’extérieur, et ayant un taux de change complètement flexible, peut voir sa stabilité monétaire menacée. De l’avis de certains économistes, «la volatilité et l’instabilité des taux de change ont des effets néfastes sur la croissance et la compétitivité et, par conséquent, sur le compte courant».
Pour un système de change intermédiaire
Le Maroc, qui dispose pour l’heure d’un régime de parité fixe, veut opérer une transition vers un système de change plus flexible. Si l’on en croit le gouverneur de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, les autorités monétaires semblent opter pour un système plus flexible, avec le souci majeur de maintenir la compétitivité afin de soutenir la balance des paiements et, donc, le compte courant.
Mais, cette option est à nouveau repoussée vers fin 2017, affirmait Jouahri à la presse, après la réunion le 27 septembre du Conseil d'administration de Bank Al-Maghrib -BAM-. Auparavant, le wali de BAM expliquait, lors du Conseil national de l’entreprise à Agadir, le 2 avril 2016, que le passage à un régime de change flottant est un processus qui requiert du temps.
En effet, cette transition est une équation complexe compte tenu de l’ampleur du travail à mener pour installer les pré-requis indispensables avant de lancer le taux flottant. Pas seulement sur le plan technique (cela nécessite un système de d'analyses et de contrôle basé sur une panoplie de logarithmes), mais aussi au plan macroéconomique (relancer l’activité industrielle et les exportations, maîtriser l’inflation, préserver le pouvoir d’achat, éviter une dépréciation du dirham…Tout cela, dans un contexte encore fragile du fait de la faiblesse des réserves internationales nettes et du déficit des échanges extérieurs…
La convertibilité totale pour plus tardSur ce processus de flexibilisation du régime de change, Jouahri a donné plus de précisions. A Washington, tout récemment, lors des pourparlers avec les autorités du FMI, il a expliqué qu’il envisagerait, dans un premier temps, d’élargir les bandes de fluctuations du dirham et évaluer les réactions du marché, avant de laisser au marché, dans un deuxième temps, le soin de déterminer la parité du dirham. Le banquier central a toutefois laissé entendre la possibilité d’une intervention de l’Etat qu’il a qualifiée de «limitée». La dernière étape, celle de la convertibilité totale du dirham est, sans doute, intégrée dans ce processus. Mais ce ne sera pas pour tout de suite!
Actuellement, le régime de change applicable est un régime de parité fixe avec rattachement du dirham à un panier de devises, principalement l’euro (60%) et le dollar (40%). Mais il ne s’agit pas d’une fixité parfaite puisque la parité du dirham fluctue à l’intérieur d’une bande inférieure de +/- 0,3% de part et d’autre du taux central.
Selon BAM, les pondérations des devises du panier de cotation du dirham ont été actualisées, depuis avril 2015, afin de refléter la structure des échanges extérieurs du Maroc. Pour rappel, un premier réaménagement du panier a été opéré en 2001, limitant sa composition à l’euro et au dollar américain avec des pondérations respectives de 80% et 20%.