Mauritanie: les cadres marocains de Mauritel entre incertitude et espoir

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Les cadres marocains de Mauritel sont toujours dans l’attente d’une solution au problème de non-renouvellement de leur licence de travail en Mauritanie. Les négociations entre la direction de la filiale mauritanienne de Maroc Telecom et les autorités mauritaniennes se poursuivent.

Le 30/06/2016 à 11h32

Depuis une quinzaine de jours que les salariés marocains de Mauritel, filiale de Maroc Telecom en Mauritanie, n’ont toujours pas accès à leur lieu de travail. En cause, la décision des autorités mauritaniennes de ne pas renouveler leur permis de travail.

Des négociations sont en cours pour tenter de trouver une issue. Ainsi, une source proche de Mauritel, ayant requis l’anonymat, explique que des discussions sont menées avec les autorités mauritaniennes.

Tout en restant discret et prudent, Mauritel espère que les négociations déboucheront sur un accord lui permettant de garder ses cadres marocains, ou tout au moins, certains d'entre eux, notamment au niveau du département des finances et de la comptabilité. Douze cadres marocains sont touchés par la restriction relative au permis de travail avec un profil les plaçant dans les rangs de directeurs et chefs de services.

La même discrétion et le même optimisme prudent prévalent au niveau des administrations mauritaniennes chargées de la gestion du dossier, à savoir le ministère de l’Emploi et des nouvelles technologies et le ministère de la Fonction publique, du Travail et de la modernisation de l’administration. Ainsi, une source proche de l’administration rappelle «qu'une crise des permis du travail de moindre ampleur et moins médiatisée, a été enregistrée en 2015 et rapidement réglée".

Selon la convention signée entre le gouvernement mauritanien et Maroc Telecom, explique un inspecteur du travail, les postes de Directeur général et Directeur financier reviennent à la partie marocaine alors que celui du Secrétaire général échoit à la partie mauritanienne. Tous les autres postes devraient revenir, à terme, aux locaux dans le cadre de la «mauritanisation» des emplois, en fonction bien évidemment de l’existence de compétences avérées.

Cette convention concerne tous les expatriés travaillant dans les filiales de multinationales. Ceux-ci sont tous obligés de renouveler annuellement leur permis de travail, conformément au décret 224-2009 portant sur l’emploi de la main-d’œuvre étrangère. Et c'est cette obligation qui n'a pas été respectée par les sociétés ciblées par l'inspection de travail.

A noter que la mesure relative à l’arrêt du travail des étrangers non titulaires de permis de travail en cours de validité touche plusieurs entreprises. La plus concernée reste Tasiast, filiale de la compagnie canadienne Kinross, dont 150 salariés étrangers ont été touchés par la mesure. Une situation qui a entraîné l’arrêt de la production de l’entreprise.

Les opérateurs Mattel (filiale de Tunisie Telecom) et Chinguitel (filiale du soudanais Sudatel) sont également concernés par cette mesure avec 6 employés pour le premier et 16 pour le second.

Les filiales bancaires mauritaniennes des groupes Attijariwafa bank (Maroc) et Société Générale (France) ont également reçu les visites des inspecteurs du travail. Toutefois, aucune décision n’a été prise en l’encontre de leurs salariés expatriés, du moins jusqu’à présent.

Reste que si globalement les Mauritaniens accueillent favorablement la mesure visant à «mauritaniser» certains emplois, conformément aux conventions signées avec les multinationales qui s’implantent dans le pays, sachant que le taux de chômage frôle les 30%, il n’en demeure pas moins que nombre d’entre eux n’expliquent pas le timing choisi et désapprouvent globalement la manière, celle d’empêcher ces salariés d’accéder à leurs bureaux brusquement sans préavis.

Du coup, certains y voient des mesures populistes qui risquent d’affecter l’image du pays vis-à-vis des investisseurs étrangers. 

Par Cheikh Sidya
Le 30/06/2016 à 11h32