Au Maroc comme ailleurs en Afrique, les Zones économiques spéciales (ZES) se sont imposées comme un levier majeur d’industrialisation et d’attractivité. Sur le continent, elles se comptent désormais par centaines, plus de 230 dans 43 pays, et traduisent une ambition commune, écrit le magazine Jeune Afrique dans une analyse dédiée: attirer les investissements, booster les exportations, créer de l’emploi et accélérer la transformation industrielle.
Dans le cas marocain, l’exemple le plus emblématique reste Tanger Med, plateforme logistique et industrielle qui a repositionné le Royaume sur les routes mondiales du commerce. En conjuguant incitations fiscales, infrastructures portuaires de premier plan et procédures allégées, Tanger Med est devenu un modèle africain de réussite, où se côtoient géants de l’automobile, de l’aéronautique et des services logistiques, lit-on.
Les résultats parlent d’eux-mêmes. Les zones industrielles marocaines, de Tanger à Kénitra, en passant par Nouaceur et Midparc, ont permis de diversifier les débouchés à l’export. Le Maroc est ainsi devenu le premier exportateur africain de voitures, avec des flux vers l’Europe, le Moyen-Orient et l’Amérique latine. Cette dynamique s’inzlscrit dans la logique même des ZES, celle de dépasser la dépendance à quelques produits bruts et accéder à des marchés de plus en plus sophistiqués. En Afrique, plusieurs études confirment que les ZES permettent non seulement d’élargir la carte des destinations, mais aussi d’améliorer la qualité technologique des produits.
Mais le tableau n’est pas uniforme. Comme dans d’autres pays africains, certaines zones marocaines peinent encore à générer un effet d’entraînement fort sur le tissu local, observe Jeune Afrique. Le défi reste de transformer ces pôles en écosystèmes intégrés, capables d’irriguer les PME nationales et de renforcer l’intégration régionale. Car si Tanger Med rayonne vers l’Europe et l’Asie, les connexions avec l’Afrique subsaharienne demeurent en deçà des ambitions de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
Les ZES créent des opportunités réelles, relève Jeune Afrique. Autour des zones de Kénitra ou de Tanger, les familles voient leurs conditions de vie s’améliorer: accès aux services, montée de la consommation, logement plus décent, meilleure éducation. Elles favorisent aussi l’urbanisation et attirent une main-d’œuvre venue d’autres régions. Cependant, comme ailleurs en Afrique, l’emploi féminin reste en retrait. Les zones marocaines, dominées par l’automobile et l’aéronautique, mobilisent des compétences techniques où la participation des femmes, bien qu’en progression, demeure limitée par rapport aux expériences asiatiques.
Le succès d’une ZES ne tient pas qu’aux infrastructures, mais aussi à la gouvernance. L’expérience marocaine le montre. La gestion en partenariat public-privé, combinée à une vision claire de spécialisation sectorielle (automobile, aéronautique, offshoring, agro-industrie), offre de bien meilleurs résultats que des zones gérées exclusivement par l’État. À l’échelle africaine, les zones qui manquent d’incitations claires ou qui restent trop généralistes finissent souvent par tourner à vide, sans réel impact industriel.
Le Maroc, aux côtés du Kenya, du Rwanda et de l’Égypte, fait partie des pays qui redéfinissent la feuille de route des ZES. À travers de nouveaux projets intégrant l’industrialisation verte, l’innovation technologique et l’inclusion sociale, le Royaume cherche à conjuguer croissance et durabilité. L’objectif est de transformer ces zones en catalyseurs de la transition écologique et numérique, attirer des investissements à forte valeur ajoutée, et inscrire pleinement l’économie marocaine dans les chaînes de valeur mondiales.








