Le scénario vénézuélien menace l’économie algérienne

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Confronté à de graves difficultés économiques à cause de la chute des revenus du pétrole, les pouvoirs publics algériens tentent tout pour pousser la Sonatrach à améliorer sa production. En parallèle, c’est à des mesures d’austérité que les Algériens devront faire face en 2017.

Le 05/09/2016 à 17h53

Le pétrole est en grande partie la source de la crise actuelle de l’économie algérienne et c’est avec le pétrole que les autorités du pays semblent vouloir la résoudre ! C’est en gros ce que l’on peut tirer des informations qui nous parviennent d’Algérie concernant des pressions exercées par de hauts commis de l’Etat sur la société Sonatrach pour développer de nouveaux gisements pétroliers.

Ce n’est un secret pour personne que la chute des cours mondiaux du pétrole a considérablement réduit les ressources de l’Etat algérien. Pour compenser cette baisse, les dirigeants obligent aujourd’hui la Sonatrach à se lancer dans de nouveaux projets d’exploration pour tenter d’accroitre la production. Ces pressions se sont si bien renforcées ces derniers mois qu’elles ont poussé la Sonatrach à reconsidérer son absence de la Libye, un pays qu’elle avait quitté après la chute de Mouamer Kadhafi.

En effet, des sources bien informées rapportent que la société cherche, à tout prix, à trouver des ressources alternatives, quitte à se redéployer dans des sites libyens. Une unité formée des représentants des autorités et de la Sonatrach a ainsi été mise en place afin de renouer le contact avec les autorités libyennes ainsi qu’avec la société British Petrolium en vue de développer l’exploration dans les sites de la région de Ghadames. Un accord aurait d’ailleurs déjà été conclu dans ce sens avec le chef de la force de protection des installations pétrolières libyennes, Ali Al-Ahrach, pour lui fournir du personnel pour un renfort sécuritaire placé sous les ordres d’officiers algériens.

De nouveaux gisements, pourquoi faire ?Mais ce que semblent oublier les autorités du voisin de l’est, c’est qu’il ne suffit pas d’aller en dehors du territoire pour explorer et pouvoir augmenter la production, car il faudrait avant tout mettre en place des mesures de bonne gouvernance dans cette société, considérée comme bras pétrolier et gazier du pays.

En effet, une récente inspection de routine a permis la découverte de détournements à grande échelle de fonds, de matériels, de pièces de rechange et d’autres produits destinés à cette entreprise. Ceci impacte logiquement son rendement, rendant l’exploitation des gisements actuels dans le pays non optimale. A quoi bon donc chercher de nouveaux gisements alors que ceux exploités actuellement ne le sont pas de manière efficiente ?

Il faut dire que la situation économique du pays est tellement délicate que les autorités en place ne savent plus à quel saint se vouer. Tenter d’augmenter la production pétrolière est sans doute considéré comme une solution de dernière chance, vu que les marges de manœuvre en matière d’optimisation des budgets semblent s’épuiser année après année.

Fortes pressions sur le pouvoir d’achatForce est de souligner en effet que le projet de budget que s’apprête à dévoiler le gouvernement algérien devrait imposer de nouvelles mesures d’austérité, encore plus drastiques que celles de 2016. Les observateurs s’attendent à ce que le gouvernement revoit encore davantage à la baisse ses dépenses budgétaires, tout en relevant la pression fiscale, notamment sur les citoyens. Une hausse de la TVA serait ainsi d’actualité, ce qui ne manquera certainement pas de toucher directement le pouvoir d’achat des Algériens.

Pis encore, aucune mesure spécifique n’est prévue pour limiter la chute continue de la valeur du dinar depuis mars dernier. Cette situation n’est pas pour arranger les choses, puisqu’elle renforce, d’un côté, l’attractivité du marché parallèle qui absorbe de plus en plus de devises, et d’un autre, renforce les craintes des plus riches qui se voient tentés par des placements leur permettant de préserver autant que possible leurs actifs financiers, notamment dans l’immobilier, au lieu de secteur à plus forte valeur ajoutée.

Dans ce contexte, il est évident que les pouvoirs publics devront continuer à pomper dans leurs réserves en devises. Depuis mars dernier, celles-ci ont entamé un nouveau cycle où elles s’épuisent à plus de 2 milliards de dollars chaque mois, soit le double du niveau observé en 2015. A ce rythme, l’Algérie aura épuisé toutes ses réserves d’ici 2020… Et l’épouvantail d’un remake de la situation au Venezuela est d’une actualité douloureuse.

Par Younès Tantaoui
Le 05/09/2016 à 17h53