La FAO débloque 417.000 dollars pour sauver le cactus marocain

Des plantations de figues de barbarie infestées de cochenilles. 

Des plantations de figues de barbarie infestées de cochenilles.  . DR

Le Maroc et la FAO ont signé un nouveau projet de coopération technique pour le contrôle et l’éradication de la cochenille du cactus dans le pays. C’était ce vendredi 21 avril, en marge du Salon international de l’agriculture de Meknès (SIAM).

Le 21/04/2017 à 17h21

Michael George Hage, le représentant de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et Mohammed Sadiki, le secrétaire général du ministère de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts ont signé un nouvel accord de partenariat à travers un projet d’urgence pour le contrôle et l’éradication de la cochenille du cactus. C’est le quatrième accord signé en marge de cette 12e édition du SIAM.

Le cactus est une culture économiquement importante pour l’ensemble du bassin méditerranéen aussi bien sur sa rive nord que sud. Jusqu’à très récemment le bassin méditerranéen était considéré à l’abri de maladies graves ou de pestes s’attaquant au cactus. La cochenille sauvage Dactylopius opuntiae a toujours été présente en Amérique du Nord et du Sud où elle a occasionné des dégâts importants comme fut le cas pour le nord-est du Brésil où plus que 500.000 hectares ont été décimés en très peu de temps.

Au Maroc, le cactus est bien représenté dans tout le paysage national. L'introduction du cactus au Maroc a eu lieu vers 1770. En raison de la sécheresse et de la volonté politique, le cactus a connu une évolution remarquable au cours des deux dernières décennies, passant de 50.000 hectares en 1998 à plus de 120.000 hectares actuellement.

Cette augmentation de la superficie est due aux nombreuses opérations de plantation menées par les agriculteurs et les agences de développement et les services de vulgarisation dans le cadre des programmes nationaux de lutte contre la sécheresse.

Actuellement, la modernisation de l'agriculture marocaine à travers la stratégie Plan Maroc Vert (PMV) encourage la plantation de cactus comme culture alternative dans les régions moins favorisées. Chaque année, plus de 4.000 hectares sont plantés au centre et au sud du pays.

Au cours des dix dernières années, plusieurs entreprises et coopératives regroupant des femmes du monde rural ont été créées pour la transformation des produits issus du cactus. Les principaux produits fabriqués sont la confiture de figues, les vinaigres, la farine de raquette et l’huile essentielle extraite des graines du fruit. Mais le principal intérêt du cactus est de constituer un fourrage pour le bétail, notamment pendant les années de sécheresse.

Au Maroc, la production nationale en fruits du cactus varie de 800.000 à 1,1 million de tonnes par an, pour un revenu moyen de 10.000 à 30.000 dirhams par hectare. S'y ajoute la biomasse raquette utilisée comme fourrage qui produit environ 4 tonnes de matière sèche par hectare.

Les avantages environnementaux sont nombreux: capture du carbone, conservation des eaux et des sols et enfin, appui à l'apiculture, car les fleurs du cactus sont mellifères.

D'où le fait que la menace qui pèse depuis peu sur les cactus du Maroc et plus généralement de tout le bassin méditerranéen soit prise au sérieux. Depuis 2015, on assiste à une expansion sans précédant de la cochenille du cactus (dactylopius opuntiae). Fort présente aujourd'hui à Sidi Bennour, Rhamna et Youssoufia, la cochenille risque de proliférer malgré les efforts déployés par l’ONSSA et le ministère de l’Agriculture et pourrait finir à terme par détruire les plantations marocaines.

Elle est en train de progresser à une grande vitesse et rien n’exclut le risque de son introduction dans l’Ouest algérien. Si rien n’est fait, elle sera bientôt en Tunisie et pourrait toucher l’ensemble des plantations dans le Maghreb.

Le projet est financé grâce aux ressources du programme de coopération technique de la FAO à hauteur de 417.000 dollars. Ce budget permettra de prendre en charge les frais de mobilisation d’experts nationaux et internationaux. Il couvrira également les frais de formation de cadres et de techniciens ainsi que des campagnes de sensibilisation des agriculteurs et des acteurs concernés au Maroc.

En outre, le projet prévoit l’organisation de visites de cadres et de responsables marocains en Amérique latine où ce ravageur avait causé d'énormes dégâts. Il s'agira de s’enquérir de l'expérience de ces pays et notamment des moyens de lutte ayant été mis en oeuvre pour lutter contre la cochenille.

Par Qods Chabaa
Le 21/04/2017 à 17h21