Exclusif. Point par point, la RAM réagit aux accusations de l’AMPL

Brahim Taougar - Le360

Dans une lettre adressée aux commandants de bord et officiers pilotes, le management de la RAM se dit inquiet des "distorsions d’informations" véhiculées par l’Association marocaine des pilotes de ligne (AMPL).

Le 18/07/2018 à 16h27

Le management de la compagnie nationale n’a pas du tout apprécié la fuite à la presse de la lettre du PDG, Abdelhamid Addou, adressée ce mardi 17 juillet à l’Association marocaine des pilotes de ligne (AMPL). Pis encore, les arguments avancés par ladite association pour justifier son refus de signer l’accord avec RAM, lesquels ont fait l’objet d’une note d’information diffusée à grande échelle, n’ont pas été non plus du goût du staff dirigeant du transporteur public. Ce dernier a choisi cette fois-ci de s’adresser directement aux pilotes de ligne, au lieu de communiquer avec leur association.

«Si aujourd’hui, nous dérogeons à cette règle que nous nous sommes nous-mêmes fixés, ce n’est pas dans une volonté de surenchère, ce n’est pas dans une tentative de déstabilisation de la représentation du corps des pilotes de ligne, mais les déclarations faites par la note d’information du 17 juillet, nous assènent de clarifier les choses. Au-delà des enjeux cruciaux pour l’entreprise, il y va de notre propre crédibilité, il y va de notre intégrité aujourd’hui remise en cause», peut-on lire dans une lettre signée par deux dirigeants de la RAM, en l’occurrence le chef du département «Ressources humaines» et le directeur des Opérations aériennes.

Dans cette correspondance, dont Le360 détient une copie, la RAM répond à toutes les critiques formulées dans la note d’information de l’AMPL:

- La note de l’AMPL laisse croire que l’ouverture de l’Ecole nationale des pilotes de ligne n’est pas du tout garantie. C’est faux, rétorque RAM qui rappelle qu’il s’agit-là d’un engagement ferme de l’entreprise depuis le 17 mars 2017. «Cet engagement n’est pas l’aboutissement de revendications, la réouverture d’une école de formation des pilotes de ligne au Maroc gérée par RAM est un préalable pour l’accompagnement du plan de développement», insiste-t-on. L’interprétation faite par l’AMPL de la formulation choisie dans l’accord RAM/AMPL serait «erronée». Cette formulation, explique RAM, a pour unique but de ne pas citer nominativement les partenaires.

- Toujours selon la note de l’AMPL, le paiement du tiers de la formation n’interviendrait qu’à partir de janvier 2019 et ne concernerait pas les élèves pilotes de ligne recrutés en 2018. La RAM rappelle à ce titre la position formalisée jusqu’au 4 juillet, selon laquelle sa participation au paiement de la formation ne devait intervenir qu’à la signature du contrat-programme. «La concession faite d’assumer le tiers de la formation au 1er janvier 2019 a été annoncée pour la première fois par RAM le 4 juillet 2018 puis reprise lors du courrier de synthèse adressé au président de l’AMPL le 11 juillet 2018», précise la compagnie.

- Au titre de la revalorisation salariale, l’AMPL affirme que RAM aurait conditionné la seconde et la troisième tranche à la taille hypothétique de la flotte, excluant les nouvelles recrues pour une durée de 5 ans. Cette position, affirment les dirigeants de la compagnie, a été exprimée dès le début des négociations et l’AMPL aurait demandé un indicateur «visualisable», ajoutant que le volume-flotte a été retenu par RAM. «Le premier projet d’accord est une synthèse des positions des deux parties. Il a été envoyé par courrier électronique à l’AMPL le 6 juin 2018, suite à une réunion où il a été donné lecture de l’intégralité du projet. L’envoi a été adressé à Monsieur (…), vice-président de l’AMPL qui devait s’occuper du projet de réponse. Projet que nous n’avons jamais reçu», lit-on dans la lettre du staff dirigeant. D'après RAM, ce document comporte, en ce qui concerne la revalorisation salariale, la position suivante du transporteur public:

La revalorisation devrait se faire sur 5 ans et en trois phases:Phase 1: celle-ci est liée à la signature du contrat-programme. Le 4 juillet 2018, le PDG aurait concédé la première tranche de la revalorisation salariale, tout en augmentant le montant proposé, à compter du 1er novembre 2018 et indépendamment de la signature du contrat programme;Phase 2: Perspective 2021 et liée à des indicateurs de bonne santé de l’entreprise ou de performances. L’indicateur retenu est le volume de la flotte. La revalorisation est donc indexée sur la concrétisation du plan de flotte;Phase 3: Perspective 2023 et liée à des indicateurs de bonne santé de l’entreprise ou de performances. L’indicateur retenu est le volume de la flotte. La revalorisation est donc inexée sur la concrétisation du plan de flotte.

- En réponse à l’idée d’exclusion des nouvelles recrues rapportée par l'AMPL, le top management de RAM rappelle que dès le 17 mars, la revalorisation a été jugée légitime du fait d’absence d’évolution structurelle des salaires pendant une période importante. «L’augmentation de salaire qui en découle revêt dans un premier temps un caractère de compensation, c’est-à-dire qu’il faut initialement compenser les pilotes sur une période donnée des évolutions dont ils n’auraient pas bénéficié», explique le transporteur. Et d’ajouter: «c’est pour cela que la proposition de RAM comportait un décalage de 5 ans pour les nouvelles recrues. Ce point a été clarifié lors de la réunion du 3 juillet 2017 en présence du PDG et non évoqué, comme cela a été dit pour la première fois le 10 juillet 2017».

- La note d’information de l’AMPL s’est arrêtée sur la proposition d’engagement vers une paix sociale de 5 ans formulée dans le projet d’accord. Le refus systématique de s’inscrire dans une paix sociale avec l’employeur est inquiétant, regrette le management pour qui la pérennisation des relations de travail est l’essence même du dialogue social. La compagnie rappelle à ce titre que, dans ledit projet d’accord, elle a exclu du champ des conditions de la paix sociale les réclamations liées au respect des engagements formulées dans l’accord, les réclamations en lien direct avec l’application de lois ou réglements que l’entreprise est tenue de respecter ainsi que les réclamations pour l’application de dispositions contractuelles.

- Enfin, s’agissant des doléances de RAM Express, les dirigeants de RAM rappellent que les conditions de travail des pilotes RAMEX ne peuvent pas faire parties d’un accord liant la RAM à l’AMPL.

Par Wadie El Mouden
Le 18/07/2018 à 16h27