Document. Echanges extérieurs: ce que représente réellement l'Afrique pour le Maroc

DR

L'Afrique est indéniablement un marché qui attise les convoitises. Le Maroc a déjà pris une avance en accordant de l'importance à ces échanges commerciaux avec le reste du continent. Mais cela ne s'est pas développé d'une manière équitable dans les différentes zones géographiques. Analyse.

Le 10/07/2017 à 10h45

Bien qu’en forte croissance ces dernières années, la part des échanges commerciaux entre le Maroc et l’Afrique subsaharienne ne représente qu’une petite part du commerce extérieur du royaume.

Selon une étude de l’Office des changes, les échanges commerciaux du Maroc avec l’Afrique subsaharienne ont certes enregistré une croissance annuelle moyenne de 9,1% sur la période 2008-2016, mais leur part dans les échanges totaux du royaume arrive à peine à 3% (contre 2% en 2008). Cela permet tout de même au Maroc de dégager un solde commercial excédentaire de 11,9 milliards de dirhams en 2016, contre 1,3 milliards en 2008.

© Copyright : Office des changes

La même source explique que la répartition géographique de ces échanges positionne l’Afrique de l’Ouest comme premier partenaire commercial du Maroc dans la région, avec une part de 58,2% en 2016 et un taux de croissance de 13,8% en moyenne par an entre 2008 et 2016. «Elle est suivie de l’Afrique de l’Est (15,5%), de l’Afrique Centrale (12,4%) et de l’Afrique Australe (13,4%)», ajoute l’Office des changes.

Les exportations du Maroc à destination de l’Afrique de l’Ouest ont carrément triplé depuis 2008 passant de 3,2 milliards de DH à 10,2 milliards en 2016. Les importations en provenance de cette zone restent pour leur part timides, avec une moyenne annuelle de 1,4 milliard seulement sur la période étudiée.

© Copyright : Office des changes

L’Office des changes fait, par ailleurs, remarquer que la part de marché du Maroc en Afrique de l’Ouest entre 2008 et 2015 s’est légèrement améliorée, pour s’établir à 0,9% en 2015 au lieu de 0,5% en 2008. Certains pays concurrents africains ont également amélioré leurs performances à l’export vers cette zone, à l’instar du Sénégal (1,3% contre 1%) et de la Guinée (0,4% contre 0,1%).

Pour ce qui est des produits expédiés dans ces pays, l’étude révèle que les exportations ne se limitent plus aux produits alimentaires.

D’autres secteurs commencent à prendre du poids dans la nouvelle structure des échanges, notamment les produits de l’industrie chimique (29,2% du total des exportations en 2016 contre 12% en 2008), et ceux de la fabrication d’autres produits minéraux non métalliques (4,7% en 2016 au lieu de 1,2% en 2008), et ce au détriment de la baisse des ventes des produits de l’industrie alimentaire (23,7% en 2016 contre 37,3% en 2008) et de ceux du raffinage de pétrole et autres produits d’énergie (4,1% en 2016 contre 10,4% en 2008).

Pour ce qui est des importations marocaines en provenance de l’Afrique de l’Ouest, elle se concentrent davantage sur les produits de l’industrie alimentaire (65,5% en 2016 contre 39% en 2008), il s’agit principalement des tourteaux et autres résidus des industries alimentaires (alimentation pour animaux), des cuirs et peaux et du thé.

L’étude de l’Office des changes s’est également intéressée aux échanges marocains avec les pays de l’Afrique de l’Est. A ce titre, il en ressort que les exportations du Maroc à destination de cette zone sont passées de 370 millions de DH en 2008 à 2,6 milliards en 2016, enregistrant ainsi un taux de croissance moyen de 27,8% par an durant cette période.

Parallèlement, les importations en provenance de cette zone sont passées de 180 millions de DH en 2008 à 347 millions en 2016. C’est dire que les échanges commerciaux avec cette zone ont beau enregistrer des taux de croissance à deux chiffres, leur part dans les échanges du Maroc avec l’Afrique reste limitée. De même, la part de marché du Maroc en Afrique de l’Est entre 2008 et 2015 est restée quasiment stable à 0,2% en moyenne.

Drainant un chiffre d’affaires de 2 milliards de dirhams en 2016, les exportations de biens vers l’Afrique Centrale représentent 12,3% du commerce avec l’Afrique Subsaharienne. En revanche, les importations en provenance de cette zone restent limitées, ne dépassant pas les 467 millions de DH en 2016.

© Copyright : Office des changes

Sur un autre registre, l’Office des changes s’est aussi attelé à analyser les flux financiers entre le Maroc et le reste du continent. Il en ressort ainsi que les investissements directs marocains en Afrique ont atteint leur niveau record en 2010 avec 4,6 milliards de dirhams, représentant ainsi 92,2% du total des investissements directs marocains à l’étranger. La répartition des investissements effectués en Afrique subsaharienne place les pays de l’Afrique de l’Ouest en tête des pays destinataires de ces investissements, avec une moyenne de 64,7% sur la période 2011-2015, suivis des pays de l’Afrique Centrale (25,3%) et ceux de l’Afrique de l’Est (10%).

Voici l'intégralité du document de l'Office des changes.

  • etude_echanges_af_1.pdf
Par Younès Tantaoui
Le 10/07/2017 à 10h45