Argentine: Krach du peso, au lendemain du résultat des primaires

Chute de 30% du peso argentin 

Chute de 30% du peso argentin  . DR

Le peso argentin s’est effondré du jour au lendemain, tombant à 55,85 pesos pour un dollar, après que les électeurs aient snobé Macri en donnant à l’opposition une victoire étonnamment plus grande que prévue lors de la première élection, organisée dimanche dernier.

Le 13/08/2019 à 15h45

Le peso et la Bourse ont plongé, hier, lundi 12 août, au lendemain du revers du président libéral sortant Mauricio Macri aux élections primaires considérées comme une répétition générale de la présidentielle d'octobre, où il doit briguer un nouveau mandat à la tête de ce pays englué dans la récession.

La monnaie locale s’échangeait hier, à la clôture du marché, à 57,30 pesos pour un dollar, contre 46,55 pesos vendredi dernier en soirée, se dépréciant de 18,76%. Certains bureaux de change ont même préféré arrêter de négocier des dollars.

Et la Bourse de la troisième économie d'Amérique latine s'est effondrée, de son côté, de 30% à 16H00 GMT, après avoir dégringolé de plus de 10% à l'ouverture.

"Une rupture dans les décisions politiques (du prochain gouvernement argentin) est désormais le scénario le plus probable", a résumé hier, lundi, une note de la banque JP Morgan pour expliquer l’inquiétude des marchés.

Les données financières ont montré que les actions, les obligations et le peso argentins n’avaient pas enregistré ce type de baisse simultanée depuis la crise économique et la défaillance de la dette du pays sud-américain en 2001.

Le président argentin Mauricio Macri a promis hier de remporter un second mandat, malgré la performance étonnamment forte de l'opposition lors de l'élection primaire, qui a déclenché une onde de choc sur les marchés, provoquant l'effondrement du peso et la dégringolade des actions et des obligations.

Macri a déclaré qu'il "annulerait" le résultat des primaires de dimanche, mais a reconnu qu'un peso plus faible provoqué par la montée en puissance du soutien du candidat de l'opposition péroniste Alberto Fernandez et de son ancien candidat à la vice-présidence, Cristina Fernandez, alimenterait l'inflation.

Dans ce pays en récession depuis l'an dernier, l'inflation reste très élevée sur les 12 derniers mois, à 40%, alors que le taux de chômage atteint 10,1%.

Submergée par deux crises monétaires en 2018 ayant fait perdre 50% de sa valeur à sa monnaie, l'Argentine a appelé le Fonds monétaire international (FMI) à la rescousse pour obtenir un prêt de plus de 57 milliards de dollars.

Dans ses dernières prévisions de croissance mondiale publiées au printemps, le FMI avait indiqué tabler sur une contraction du PIB argentin de 1,2% en 2019, tout en attendant une reprise au second semestre. Pour 2020, il prévoit une croissance de 2,2%.

"Contenir les marchés, c'est la grande inconnue du jour. S'il n'y a pas un accord entre Fernandez et Macri, il va être très difficile de construire la confiance", a jugé un autre analyste, Rosendo Fraga.

Créé en 2009, le système de primaires générales pour tous les partis politiques, le même jour et lors d'un scrutin national, est une particularité argentine.

Dans ce pays de 34 millions d'électeurs où le vote est obligatoire -le taux de participation s'est élevé à 75%-, il s'agissait plutôt d'un sondage grandeur nature avant les élections générales d'octobre, les partis politiques ayant choisi cette année, pour des raisons de stratégie électorale, d'investir à l'avance leurs candidats comme la loi le leur permet.

Le 13/08/2019 à 15h45